Scénario : Aurélie Castex
Dessin : Aurélie Castex
Éditeur : Faubourg
Sortie : 30 août 2024
Genre : Roman graphique
Aurélie Castex a intégré durant une année une UPE2A (unités pédagogiques pour les élèves
allophones arrivants) à Paris, une classe où passent les enfants ayant des besoins spécifiques en français pour apprendre la langue. Là-bas ils et elles s’habituent aussi au fonctionnement d’une école française, tout en prenant confiance en eux et en elles, dans le meilleur des cas. La bande dessinée offre ainsi des temps de vie et de fêtes dans cette école particulière, en suivant quelques élèves, Sophie leur professeure ainsi que le directeur de l’établissement.
Proche de la réalité, sans enjoliver
Avec Les nouveaux venus, immersion dans une classe accueillant les enfants du monde,
on pourrait s’attendre à un monde bubble-gum où les différences sont célébrés et les
difficultés (liés au monde scolaire, à la difficulté de donner cours) sont cachées. Si les
différences socio-culturelles sont bien mises en avant (et célébrées), on s’en réjouit car c’est l’histoire d’une classe avant tout. Une classe, mais pas n’importe laquelle : des enfants, d’âge variant entre 6 et 12 ans à priori, y entrent en cours d’année, quand ils arrivent en France, ou selon des cas bien précis. Tout n’est pas rose : il faut parfois faire face à des incompréhensions liées aux langues, aux cultures, aux religions, à la pauvreté. La folle complexité du système scolaire manquant de moyens pour accueillir les enfants peut provoquer de courtes désillusions.
Cependant, Aurélie Castex a réussi à capter l’art de la jonglerie que cette enseignante,
Sophie, fait preuve pour à la fois apprendre une langue, créer un espace collectif où les
cultures se rencontrent et enseigner certaines coutumes modernes du pays (comme faire un sapin de Noël, en fin d’année). Son objectif est clair : faire parler le plus possible les élèves dans la langue officielle du pays, tout en les faisant découvrir le marché local du coin, cuisiner ou explorer Paris in situ.
Elle dessine ainsi le portrait d’une enseignante exceptionnelle, il faut l’avouer, qui est prête à rester plus longtemps que prévu si un parent ne vient pas chercher son enfant ou si une
famille s’apprête à dormir dehors. Est-ce angélique ? Pas forcément, quand on a déjà mis un bout de son nez dans le milieu du FLE (enseignement du français langue étrangère, en
Belgique), on peut avoir la chance de côtoyer des personnes pour qui le travail est une
bénédiction, un plaisir et un bonheur, sans pour autant mettre de côté l’effort permanent
que représente la tâche d’être prof et de tenir sa classe.
Fraîcheur
Aurélie Castex rend à merveille le climat scolaire, une année passée faite de hauts et de bas, où les élèves ont la chance d’exprimer d’où ils viennent, via des pages entières qui leur sont consacrées, entrecoupant la dynamique de vie en classe. Ils nous font découvrir leur arrivée en France, leurs péripéties mouvementées, ce qui a poussé leurs parents à quitter leur pays, peut-être aussi leur peur du bateau, suite à la traversée de la Méditerranée dans des conditions épouvantables… Les dessins sont très enfantins, l’air qui circule à l’intérieur des cases est très frais et innocent, comme des jeunes enfants peuvent l’être, peut-être aussi pour que cette bande dessinée puisse être utilisée comme matériel pédagogique. Mais ce n’est nullement un défaut, ici. L’histoire, celle d’une classe et d’enfants qui veulent apprendre, touchera tout le monde, toutes les personnes qui prendront la peine de découvrir leur monde.