« Les Imposteurs du BIO », témoignage et conseils précieux d’un repenti

Titre : Les Imposteurs du BIO
Auteur : Christophe Brusset
Editions : Flammarion
Date de parution : 7 octobre 2020
Genre : Enquêtes, documents journalistiques

Le troisième ouvrage dénonciateur de Christophe Brusset

Après avoir été industriel de l’agro-alimentaire au sein de plusieurs groupes internationaux pendant plus de vingt ans, Christophe Brusset fait part des fraudes et autres scandales dont il a été témoin. Auteur de Vous êtes fous d’avaler ça ! (2015) et Maintenant, on mange quoi ? (2018), il est accusé par ses détracteurs d’agribashing (une invention des lobbyistes qui leur permet de se positionner en victimes et de polariser le débat autour de leurs pratiques malhonnêtes). Mais l’industriel repenti résiste et persiste : il dévoile aujourd’hui l’envers du décor du bio, ce nouveau marché en plein essor, dans son troisième ouvrage, Les Imposteurs du BIO (2020).

Ce texte très accessible ne demande pas d’être ingénieur.e agronome pour en comprendre les enjeux. Il constitue un témoignage précieux qui corrobore l’existence des scandales d’une industrie puissante, tels que tentatives d’intimidation, mauvaise foi, mensonges, fraudes, marges abusives et autres procédés douteux ; une industrie qui développe un bio mercantile éloigné de sa philosophie première. Si l’on n’est plus étonné, on sera tout de même révolté par sa lecture !

Du greenwashing à la pelle

Nombreuses sont les entreprises qui s’emparent du bio non pas par conviction mais par intérêt, hélas ! Ces industriels nous rabâchent les oreilles avec de grands discours repeints en vert qui cachent une réalité toute noire. Des menteurs, vous dites ! Qu’importe puisque cela fait vendre ? Christophe Brusset nous met en garde : ne vous laissez pas avoir par le greenwashing. Renseignez-vous sur le produit et sur les entreprises qui les fabriquent et les commercialisent, vérifiez, faites des recherches sur Internet, apprenez à reconnaître les labels et certifications (car elles ne se valent pas).

Ce ne sont pas des écologistes ou des militants qui légifèrent le bio mais bien des technocrates. Malheureusement, ceux-ci développent des cahiers des charges bien trop lisses, consensuels et laxistes. Aucune réglementation bio ne limite la surface des exploitations ni la distance parcourue pour l’import et l’export ; elles permettent même de cultiver des tomates sous des serres chauffées en hiver et de transporter des denrées par avion, véritables catastrophes écologiques ! Aussi, les contrôles, gérés par des organismes… privés (oui, bien vu !) sont bien trop peu fréquents et les sanctions, ridicules.

Le bio, une affaire d’industriels et de politiques

Le terme “bio” désigne en réalité une convention qui évolue et n’est pas la même partout ; c’est-à-dire des normes écrites par les industriels pour les industriels, approuvées par des responsables politiques, que Brusset appelle les “éco-irresponsables” et qui priorisent la valeur marchande du bio plutôt que la santé des citoyens. Et pour cause, le bio représente un business juteux.

Prenons cet exemple récent partagé par l’auteur pour illustrer le poids des lobbies : la Commission européenne (ne comptez pas sur elle pour vous protéger) a assoupli les règles d’étiquetage des produits alimentaires depuis fin avril 2020. De cette manière, les industriels peuvent falsifier les étiquettes sans en informer les consommateurs. Ceci pour prévenir les difficultés d’approvisionnement que la crise du coronavirus pourrait entraîner. C’est, en temps normal, parfaitement illégal ! Mais comme le souligne Brusset, la lutte contre le virus a bon dos.

“Nous aurons demain le bio que nous, citoyens, réussirons à imposer !”

Ne vous laissez cependant pas aller au désespoir ! Christophe Brusset a confiance : aujourd’hui de plus en plus de consommateurs, mieux éduqués et conscients des enjeux, ne se laissent plus berner. En s’associant, en créant des applications pour évaluer les produits, les citoyens contraignent les industriels et distributeurs à les rendre moins nocifs. C’est toutefois au niveau politique qu’une réforme doit voir le jour : nous devons militer pour des cahiers des charges plus exigeants et plus respectueux de l’environnement, des droits humains et de la sécurité alimentaire. Nous devons imposer des contrôles plus stricts et des pénalités plus contraignantes. Nous devons protéger le vrai bio car il crée des emplois, préserve les sols et la biodiversité et garantit notre bonne santé. En laissant tomber le mode de pensée mercantile, nous pouvons le tirer des griffes des acteurs de l’agro-industrie conventionnelle ! Cela doit s’accompagner d’un changement radical de nos modes de consommation et de notre modèle économique. Vous êtes prêt.es ?

On ne peut que remercier Christophe Brusset d’adresser ces problématiques au grand public. Sources fiables, solutions concrètes, incitation à faire entendre notre voix : tout y est !