« Les champs de la Shoah », pas à pas sur les routes du génocide

Titre : Les champs de la Shoah
Auteur : Marie Moutier-Bitan
Editions : Passés composés (Alpha)
Date de parution : 7 septembre 2022
Genre : Essai

Docteure en histoire contemporaine, auteure des Lettres de la Wehrmacht, Marie Moutier-Bitan a effectué de nombreux séjours de recherche en Allemagne, en Israël, en Europe de l’Est ainsi qu’à l’United States Holocaust Memorial Museum. Les champs de la Shoah est l’aboutissement de ces recherches, une œuvre qui décrit en détail la disparition d’un monde, celui de la présence juive en Europe de l’Est.

En effet, si à la veille de l’invasion allemande du 22 juin 1941, l’Union soviétique comptait environ 5 millions d’habitants juifs, plus de 2 millions furent victimes de la politique génocidaire nazie. La plupart d’entre eux furent fusillés au bord de fosses, tandis que d’autres périrent de la faim, du froid, du typhus ou asphyxiés dans des camions à gaz. Un génocide qui se distingua par le fait que les bourreaux allèrent aux victimes, les principales unités responsables des massacres transformant les campagnes soviétiques en un vaste cimetière.

Mettre des noms sur la tragédie

Si certains éléments de cette tragédie ont déjà été largement évoqués auparavant – le massacre du ravin de Babi Yar notamment – ce qui frappe à la lecture de cet ouvrage est le soin apporté aux détails, l’auteure nous plongeant au centre de l’horreur non pas en égrenant de longues statistiques mais en nous parlant d’hommes et de femmes dont la vie a basculé lorsque le régime nazi a imposé sa politique raciste aux territoires nouvellement conquis. Ainsi, pour chaque étape de l’avancée des forces nazies en territoire soviétique, Marie Moutier-Bitan nous parle non seulement des victimes mais également des bourreaux, ce qui aide à mieux comprendre les circonstances dans lesquelles s’est joué cette tragédie mais également à s’identifier aux populations concernées.

Il est difficile de s’imaginer comment on a pu effacer d’un trait sanglant la très ancienne présence d’une population entière en quelques années. Si  Les champs de la Shoah ne s’intéresse pas à la psychologie de groupe et à la sociologie du génocide, il aide néanmoins à appréhender le caractère systémique de l’entreprise et l’horreur dans laquelle les populations ont été plongées durant ces années de guerre. Un livre que l’on ne peut que recommander.