Legend, l’ambition perdante de la violence

legend poster

Legend

de Brian Helgeland

Policier, Biopic

Avec Tom Hardy, Emily Browning, Paul Anderson

Sorti le 20 janvier 2016

Au cours des années cinquante et soixante, les gens bien informés de Londres, criminels, politiciens, et stars populaires se murmuraient à l’oreille le nom des deux plus grands bandits de leur temps : Ronald et Reginald Kray. Jumeaux des classes populaires, Ronnie et Regie, à force d’ambition, d’intimidation, et sans s’encombrer de scrupules inutiles bâtiront un empire criminel sans égal dans l’histoire de Londres.

La représentation de la criminalité dans la culture populaire pose toujours question. Sous quel angle doit-on montrer les criminels de haut vol ? Faut-il montrer les conséquences de leurs crimes, les victimes de leur brutalité ? Ou bien peut-on se contenter d’un récit biographique, qui dépeint le parcours d’une personne, avec vices et vertus, hauts et bas ?

Brian Helgeland prend le parti de s’intéresser à la relation entre deux frères et de montrer que cette relation est tant la cause de leur succès que de leur inévitable décadence. On découvre deux frères au style assez différent quoiqu’ils aient en commun une propension à la violence, un besoin d’imposer le respect, de dominer, et de hautes ambitions criminelles. Si Ronnie, pétri de problèmes psychiatriques est le muscle, Reggie, tiraillé entre diverses loyautés, est le cerveau des opérations.

Leur empire criminel est vaste mais largement suggéré par le dialogue et la mise en scène. C’est leur relation et l’effet de celle-ci sur leur métier, leurs amours et leur ego qui occupent le centre de la scène. Leurs difficultés à s’entendre et leur inhabilité à se passer l’un de l’autre créent une tension qui culmine dans des drames humains très réels.

Sans révolutionner le genre, Legend satisfait néanmoins au minimum syndical d’être pas mal. On suit au final l’histoire difficile de deux frères qui s’avèrent avoir pour métier le grand banditisme. La criminalité ne joue qu’un rôle périphérique, ce qui est parfois dérangeant. La relation du film à la violence est ambivalente, montrant parfois des scènes cruelles, mais s’arrête une mesure trop tôt ou trop tard. Le ton semble osciller entre le film de gangster classique et le drame psycho-social de deux frères, en reflet du débat intérieur de Reggie qui sait toujours quoi faire tout en hésitant quant aux raisons de le faire. On le voit changer ses priorités en fonctions des circonstances, tout comme le film qui approche les divers éléments de la façon la plus évidente au vu des circonstances, sans vraiment prendre parti pour l’un ou l’autre, sans oser dire ce qu’il pense.

A propos Jan Kazimirowski 36 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.