Le Secret de l’inventeur d’Andrea Cremer

Le Secret de l'inventeur

auteur : Andrea Cremer
édition : Lumen
sortie : février 2015
genre : steampunk

Imaginez un monde où l’Empire britannique aurait écrasé la rébellion qui a donné naissance aux Etats-Unis d’Amérique…

Dans ce XIXe siècle alternatif, Charlotte, 16 ans, vit loin de ses parents, descendants des révolutionnaires américains, qui continuent la luttent contre les sous-marins et les machines volantes de Britannia. Entourée d’autres fils et filles de la rébellion, elle habite dans un réseau de grottes souterraines non loin de la ville flottante de New York, où les artisans de la Ruche et les ouvriers de la Grande Fonderie côtoient l’aristocratie des vainqueurs. Un matin, elle croise dans la forêt un garçon amnésique, poursuivi par les machines de l’Empire, et lui sauve la vie.

Mais quand elle le ramène dans les Catacombes, où elle attend comme tout le petit groupe d’amis qui l’entoure de rejoindre la lutte quand elle atteindra sa majorité, l’équilibre de son existence est bouleversé : parmi ses compagnons, tous ne sont pas ce qu’ils prétendent être, et l’existence de ce mystérieux garçon fait peser sur la rébellion une terrible menace… Des décharges de métal de l’Empire, infestées de rats d’acier, aux salons opulents de la noblesse, en passant par les méandres labyrinthiques de la Guilde des inventeurs, Charlotte est contrainte de quitter son refuge pour partir explorer le vaste monde !

Avec une couverture si bien stylisée, Le Secret de l ‘inventeur ne peut qu’attirer le regard et susciter la curiosité du lecteur, qu’il fasse partie de la cible young adult, visée par les éditeurs américains ou européens, ou d’un lectorat plus large, bercé par les courants littéraires et audiovisuels actuels. De plus, l’auteure, Andrea Cremer, est déjà une habituée des trilogies à destination de ce genre de publics, avec les tomes de Nightshade sortis en 2013. Le tout promet une lecture facile, dans un décor surprenant et captivant. Qu’en est-il réellement ?

Dès la première page, l’on se retrouve en présence de Charlotte, l’héroïne de cette trilogie. Telle qu’elle est décrite, l’on se surprend à faire, déjà, des parallèles avec Katniss Everdeen, avec son caractère affirmé qui lui fait tenir tête à son frère ainé dès le premier chapitre. Sa rencontre avec un garçon amnésique, qu’elle prénommera Grave, nous fait découvrir au fur et à mesure les arcanes des Catacombes, puis de la Cité Flottante de New York, à la recherche des origines de Grave.

Pourtant, dès qu’on a fait connaissance de toutes les figures les plus importantes des Catacombes, le lecteur, comme le duo Charlotte­Grave, se retrouve trop vite propulsé dans le vaste monde, sans trop de détails sur cette fameuse Résistance, comme si le personnage de Grave empêchait d’en fouiller les rouages. Dès qu’on apprend quelques aspects de la personnalité ou de l’histoire personnelle de l’un ou l’autre des protagonistes, le lecteur doit déjà lui dire au revoir, sans autre forme de procès.

Ces portraits des personnages, et les tableaux des trois principaux décors ­ des beautés steampunk que l’on rêverait de fouler ­ sous forme d’esquisses au fusain, sont très alléchants et donnent envie de tourner les pages à une cadence soutenue. Pourtant, malgré leur photogénie toute cinématographique, les triptyques ainsi dessinés ne permettent pas de capter les détails qui feraient de cette histoire un chef d’oeuvre, et non un best­seller.

Une fois refermé, ce livre laisse finalement, un sentiment ambivalent. D’un côté, il semble que l’on ait affaire à une commande des éditeurs, d’une des auteures les plus en vue de cette époque, pour coller aux envies momentanées du lectorat visé et, de l’autre, l’on se plait à suivre l’intrigue, taillée pour un rythme de lecture intense, et toutes les trouvailles steampunk font que l’attente du prochain tome commence déjà à se faire pesante.

Andrea Cremer a réussi ce tour de force : celui de nous faire baisser les armes et de mettre de côté toutes les ficelles des maisons d’éditions de notre époque pour nous faire profiter d’une histoire, somme toute, bien amenée. L’on espère que la suite des aventures de Charlotte et de ses compagnons des Catacombes saura nous faire complètement oublier le carcan dessiné par cette mode Hunger Games, destinée au public young adult, pour nous procurer un excellent moment de lecture steampunk.

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