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    Le paradoxe de l’abondance : la coupe est pleine !

    À l’heure actuelle, nul ne peut ignorer l’urgence climatique. La dégradation de nos habitats nourrit aussi bien la colère des militants que l’imagination des auteurs de bandes dessinées dystopiques. Mais en l’occurrence, il n’est pas question de fiction. Le paradoxe de l’abondance s’inscrit dans cette tendance du neuvième art à se tourner vers la vulgarisation. Hugo Clément, Vincent Ravalec et Dominique Mermoulx allient leurs forces pour dénoncer l’agonie dans laquelle se trouve le secteur agro-alimentaire.

    Le paradoxe de l’abondance repose, comme son nom l’indique, sur un mécanisme absurde. Nous produisons des quantités astronomiques de nourritures pour alimenter une population grandissante, sans nous préoccuper de la pérennité des sols qui nous fournissent. Nous travaillons mal cette terre sans laquelle nous ne pourrions continuer à vivre. Et la dégradation de ce bien a un impact sur nos santés, mais aussi sur notre avenir.

    Cette destruction de nos cultures s’impose avec la logique de rentabilité. Il faut trouver des moyens d’obliger la terre à suivre notre rythme. Mais cela a un coût. Les engrais azotés transformés en nitrates polluent les eaux et boostent les algues vertes, causant des troubles pouvant aller jusqu’à la mort. Et ce n’est pas tout. Nos choix nutritifs sont aussi problématiques. La culture des céréales nous a permis d’être moins dépendants des fluctuations saisonnières, mais a également causé des carences et a impacté notre environnement.

    À cela s’ajoute le fait que 25 % de notre eau sert à l’exploitation du maïs dont seuls 2 % de la production est utilisée pour nourrir directement l’homme. Le mais est un moteur pour l’élevage de masse et pour la fabrication de glucose et de fructose qu’on retrouve dans les produits transformés et qui font également des ravages en matière de santé. Pour en finir avec ce carnage, Clément, Ravalec et Mermoux proposent donc de repenser notre alimentation et, par la même occasion, notre agriculture.

    Tout ça n’est pas très joyeux. Certes. Mais pour cela, aussi, les auteurs ont la solution. D’abord, ils restent positifs en proposant des alternatives. Mais surtout, ils le font avec beaucoup d’humanité. Ils n’abordent pas le sujet d’un point de vue scientifique, mais plutôt d’un point de vue proactif. Ils nourrissent (c’est le cas de le dire) leurs propos d’interviews, pêchés auprès des premiers concernés. C’est-à-dire les producteurs. Mais aussi les consommateurs. Leur projet est à échelle humaine. On pourrait même dire que c’est une entreprise locale. On regrette néanmoins qu’il n’y ait pas assez de pistes de réflexion quant à l’habituel argument de la surpopulation qui justifierait ces pratiques. Mais dans l’ensemble, le paradoxe de l’abondance apporte un peu de luminosité à un sujet lourd, sans pour autant minimiser l’urgence.

    Cheyenne Quévy
    Cheyenne Quévy
    Responsable littérature

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    Le paradoxe de l'abondanceScénario : Hugo Clément et Vincent RavalecDessin : Dominique MermouxÉditeur : DargaudDate de parution : 03 octobre 2025Genre : Vulgarisation écologique À l’heure actuelle, nul ne peut ignorer l’urgence climatique. La dégradation de nos habitats nourrit aussi bien la colère des militants que l’imagination...Le paradoxe de l’abondance : la coupe est pleine !