« Le Papillon de verre », effet papillon et frissons

Titre : Le Papillon de verre
Autrice : Katrine Engberg
Editions : Fleuve
Date de parution : 3 février 2022
Genre : Thriller

Une infirmière rentre dans une chambre, une seringue à la main, prête à administrer au patient une surdose de médicaments, un cadavre est retrouvé dans une fontaine ; le corps présente des stries au niveau des poignets et de l’aine, et semble avoir été drainé de tout son sang.

Qu’est-ce qui relie ces deux événements ? Que se passe-t-il dans le milieu hospitalier ? L’inspecteur Jeppe Kørner, encore fragilisé par son divorce, prend l’affaire en main, amputé de son acolyte Anette Werner, en congé maternité. Ce qui n’empêche pas cette dernière de mettre son nez dans l’enquête malgré ses obligations de mère.

Le Papillon de verre est un très bon thriller doublé d’un excellent exemple de la manière dont les changements qui parcourent notre société peuvent et doivent être traités en littérature. Les couples homosexuels, la sexualité des personnes âgées, l’importance de l’hygiène mentale, les hôpitaux et le personnel hospitalier pris au cou, la maternité et ses bouleversements psychologiques et physiques ; autant de sujets qui sont ici traités sans être au centre de l’intrigue. Tout en finesse, sans jamais que nous ayons le sentiment d’un sujet rentré aux forceps pour moderniser l’intrigue.

Et donc, ainsi ancré dans une réalité riche et complexe, l’intrigue se déroule tranquille, sûrement, avec précision et efficacité. L’écriture regorge de tournures savoureuses qui visent juste, rien n’est édulcoré pour plaire. Nous nous attachons à chaque personnage et à leurs failles. On s’attache réellement aux personnages, tous, sans exception, car chacun est complexe, même le plus secondaire des secondaires. Une manière de signifier que les détails et les nuances comptent tant dans l’enquête que dans la vie de manière générale. On ressent aussi de la part de l’écrivaine un refus de faire fonctionner les leviers du manichéisme ce qui rend l’histoire tout à fait plaisante. On sent que le lecteur n’est pas à duper avec des ressorts faciles.

Une nouvelle aventure des deux enquêteurs Jeppe Kørner et Anette Werner qui se révèle être une vraie réussite, histoire menée avec habileté, ce qu’il faut de retournements, d’imprévus et de prévus pour ne pas perdre le lecteur.