« Le Milieu de l’horizon », courant d’air dans un château de cartes

Le Milieu de l’horizon
de Delphine Lehericey
Drame
Avec Laetitia Casta, Luc Bruchez, Clémence Poésy
Sorti le 3 novembre 2021

Au cours de l’été 1976, dans une Europe traversée par une vague de sécheresse sans précédent, Gus assistera impuissant à la désagrégation de son noyau familial tout en entrant de force dans un monde nouveau. Coincé entre les responsabilités liées à la ferme paternelle et la relation homosexuelle naissante de sa mère, Gus verra ses repères s’effondrer un par un.

La sécheresse décimant doucement l’élevage de poulets créé par son père mènera Gus à travailler à la ferme familiale afin de limiter les dégâts et de protéger leur moyen de subsistance. Pendant ce temps, Nicole (Laetitia Casta), sa mère, acceptera un emploi à la poste locale où elle rencontrera Cécile  (Clémence Poésy) dont la présence agira rapidement comme un courant d’air dans un château de cartes familial déjà chancelant.

Cécile deviendra ainsi une échappatoire autant qu’un élément perturbateur dans le fragile microcosme familial, encourageant Nicole et sa fille Léa à s’émanciper tandis que Gus se trouvera partagé entre le sens des responsabilités enseigné par son père et l’envie d’évasion exprimée par sa mère. Cette perte de repères amorcera de grands changements dans la vie de Gus.

Au-delà de ces thématiques réellement intéressantes qui en font un bon film, Le Milieu de l’horizon souffre de certaines lourdeurs évitables. Quelques longueurs, pour ne citer qu’un exemple, qui rendront parfois le visionnage difficile, notamment dans les nombreuses colères exprimées par Gus : si celles-ci sont tout à fait compréhensibles, la multiplication des scènes de ce genre rendront vite celui-ci difficilement supportable. De moue boudeuse en crise de nerf, Gus passera près d’un tiers du film à exprimer sa colère, au point de parfois en devenir antipathique.

Si ce nouveau film de Delphine Lehericey mettra du temps à démarrer et présentera parfois quelques longueurs, il offrira néanmoins plusieurs séquences touchantes qui en feront la richesse – notamment une des scènes finales particulièrement émouvante, sur fond de Symphonie du Nouveau Monde. On appréciera également tout l’arc narratif de Gus qui connaîtra une réelle évolution avant de s’achever sur une note positive. C’est cependant l’un des seuls personnages pour lequel nous connaîtront un réel dénouement… On aura alors parfois l’impression que le film ne sait pas quelle histoire il souhaite réellement nous raconter et ne va pas au bout de son propos.

Ainsi, Le Milieu de l’horizon est un film touchant qui nous plongera dans toutes sortes de thématiques hautement intéressantes. Si l’on pourra lui reprocher de grosses faiblesses en ce qui concerne l’écriture du scénario et la construction des personnages, il n’en possède pas moins quelques moments forts qui lui donnent toute sa saveur.