Le Génie des alpages : Hi-Yo c’est le combo !

Scénario : F’murrr
Dessin : F’murrr
Editeur : Dargaud
Sortie : 31 mai 2019
Genre : Humour

Alors qu’en 2018 disparaissait F’murrr, Dargaud publie le premier tome d’une intégrale en 5 volumes de la série la plus emblématique du bédéiste français, Le Génie des alpages. Et c’est avec les trois premiers albums (Le Génie des Alpages, Comme des bêtes et Barre-toi de mon herbe) qu’on commence.

Incontestablement la série la plus connue de F’murrr, c’est dans Pilote en 1973 que démarre l’aventure du Génie des Alpages pour se terminer 45 ans plus tard. Et au cours d’une si longue période, son auteur a su créer et maintenir un univers fort et truculent. Drôle de bout en bout, Le Génie des alpages est, plus que l’alignement en 14 volumes de sketches, une véritable œuvre à la fois complète et unique où l’humour cohabite avec une véritable philosophie. Bref on rit, mais pas bêtement.

Le Génie des alpages, c’est très simple, c’est la vie quotidienne d’un troupeau de brebis plus ou moins gardées par un berger et son chien. Très peu d’éléments chez F’murrr. Un lieu, un groupe et puis quelques visiteurs perdus, qui viennent se frotter à ces fortes têtes qui résistent et par leur logique chaotique, se protègent et tournent en ridicule les rastaquouères qui osent venir leur frotter la toison. C’est qu’elles sont un peu revanchardes ces petites boules de laine. Revanchardes, révoltées et un peu nonchalantes. Drôle de mélange.

Avec un sens aigu du rythme et une précision redoutable (qui pourrait paraître improvisée) F’murrr fait cohabiter en toute harmonie philosophie et bavardages. Et il crée un véritable univers où le gimick, le gag, viennent compléter une œuvre basée premièrement sur une véritable réflexion philosophique du monde et un humour détonnant. Et comment définir cet humour sinon par la force de son esprit. Ces brebis sont avant tout les gardiennes de leur propre liberté et ce n’est ni Athanase le Berger avec son chien, ni Romuald le bouc qui tiennent les rennes. Le pouvoir, c’est elles qui l’ont, dans un chaos jouissif.

Structurés en petites scènes de la vie quotidienne, F’murrr aime également jouer du comique de répétition et de personnages. Telle situation retrouvera un écho quelques scènes plus loin. Les personnages reviennent, rejouent leur gimick pour se rappeler à nous. Comme si au delà du cadre, ils vivaient une vie propre, en liberté. Le serpent revient, le renard cherche toujours ses poules (mais à quoi ressemblent-elles ?).

Le Génie des alpages, c’est une grande liberté et un humour à la fois intelligent, innocent et implacable. Et cerise sur le gâteau, Dargaud nous promet l’inédit du 15ème album inachevé pour le 5ème tôme. En attendant, c’est avec plaisir qu’on (re)découvre les aventures déjà connues des petites boules de laine de F’murrr.

A propos Mathieu Pereira 121 Articles
Journaliste