Le Fou de la reine blanche de Brigitte Bellac

Le fou de la reine blanche

auteur : Brigitte Bellac
édition : du Bord du Lot
sortie : juillet 2015
genre : thriller

A peine âgée de 10 ans, Judith est déjà une prodige du jeu d’échecs. Initiée par son père, il est le premier à remarquer ce don si particulier chez une jeune enfant. Sous l’influence paternelle, la fillette est amenée à participer à de nombreux tournois à travers la France. Au fil des championnats et des années, Judith se fait connaître internationalement. Et se voit alors enfermée dans un monde de rigueur et de concentration où  tout le monde n’attend d’elle que la victoire. La pression étant de plus en plus palpable, Judith développe une étrange obsession pour la mort. Sans compter les menaces qu’elle commence à recevoir. La Reine blanche doit-elle craindre un danger extérieur ou le danger pourrait-il venir d’elle-même?

Quel livre étrange ! On plonge à la fois dans le monde des échecs mais aussi dans la vie d’une fillette qui au lieu d’avoir des rêveries enfantines doit sans relâche exceller dans une discipline des plus cérébrales afin de plaire à son père. Les choses ne s’améliorent pas avec le temps. Une adolescente n’ayant en tête que les cavaliers, les pions et toute la joyeuse bande des petites pièces blanches et noires et non le jeune bellâtre boutonneux de la classe n’est pas  plus épanouissante. Une fois adulte, l’obsession de ne vouloir s’attacher à personne prend des proportions démesurées. D’où lui vient cette hantise de voir les gens qu’elle aime mourir avant elle? Qui la pousserait à avoir cette logique? Un fou?  Un fan?  La démence?  On ne sait pas trop comment qualifier ce roman  tant il s’appuie sur plusieurs genres littéraires.

Etrange mais contrairement à Judith, ce Fou de la reine blanche n’est pas génial pour autant. Les choses sont amenées de façon peu habile ce qui confère au récit un caractère trop convenu et assez simpliste. Tout comme le style d’ailleurs. En ce qui concerne le contenu, l’auteur évoque à de nombreuses reprises les parents de Judith. Mais ne fait rien de plus qu’effleurer de grands concepts propres à la psychologie de la famille. Et c’est bien dommage. Le lecteur doit lui-même faire des déductions d’après les faibles indices lancés par l’auteure pour comprendre ce qui pousse Judith à agir comme elle le fait. On pourrait par exemple analyser  jusque dans les mots et extrapoler l’idée qu’une championne d’échecs est l’Eddy Merckx des ratages existentiels mais ce serait peut-être prêter à l’auteur plus d’intentions qu’elle n’aurait voulu y mettre. Rien ne sert de trop se triturer la cervelle, mais avec cette mère distante car jalouse de sa fille, ce père trop présent au point de ne pas s’apercevoir du manque d’intimité qu’il veut bien accorder à sa progéniture, ce père toujours qui pousse sans cesse au dépassement de soi et à la victoire… tant d’éléments permettant la formation d’un terreau suffisamment fertile pour faire pousser une belle névrose comme on les aime. Malheureusement ce n’est vraiment pas assez exploité.

Quoi qu’il en soit, Le Fou de la reine blanche est un livre qui se lit d’une traite, pas simplement parce qu’il est court, 160 pages, mais aussi parce qu’on a envie de savoir ce qu’il va advenir de la jeune femme menacée, la façon dont elle va disposer ses pièces sur l’échiquier branlant de sa vie et si on avait vu juste au sujet des personnages. On se retrouve malgré tout déstabilisé par le dénouement… fin de partie.

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