Le Crime de l’Orient-Express, le détective belge reprend du service

Le Crime de l’Orient-Express

de Kenneth Branagh

Thriller, Policier

Avec Kenneth Branagh, Johnny Depp, Michelle Pfeiffer

Sorti le 6 décembre 2017

On l’attendait au tournant, voici que le réalisateur et comédien Kenneth Branagh nous propose son remake d’un film culte, adapté du célèbre roman d’Agatha Christie, Le Crime de l’Orient-Express.

L’histoire commence à Istanbul où le célèbre détective belge est appelé de toute urgence pour régler une affaire importante sur le Vieux Continent. Il décide donc d’embarquer in extremis dans le Simplon-Orient-Express pour regagner Londres au plus vite. Mais un évènement dramatique va compromettre son voyage. L’un des passagers va être froidement assassiné et Poirot va devoir résoudre l’une des plus difficiles énigmes de sa carrière.

En revisitant l’une des plus célèbres adaptations cinématographiques d’Agatha Christie, Kenneth Branagh relève un énorme défi. En effet, qui ne se souvient pas du film de Sidney Lumet sorti en 1974 ? On y retrouvait un casting de rêve pour l’époque et une mise en scène pour le moins réaliste de cette intrigue ô combien surprenante de la « Reine du crime ».

Lumet avait frappé fort et l’on comprend mal, dans un premier temps, l’intérêt de refaire un film similaire. En outre, les fans de la série Poirot auront sans doute davantage de mal que le grand public, puisqu’on y retrouvait, dans le rôle d’Hercule Poirot, le brillant David Suchet qui lui prêtait ses traits de façon magistrale depuis les années 80.

Vous l’aurez compris, il y a donc non pas un, mais deux types de public à séduire dans cette nouvelle version. Mais comme le disait Branagh dans une récente interview, ce genre de défi ne lui fait pas peur car il avait déjà eu affaire à un défi similaire en adaptant des pièces de Shakespeare au cinéma. Et, comme pour mieux assumer cette gageure, il a décidé d’incarner lui-même Hercule Poirot ! Une audace qui est aussi devenu presque une habitude chez ce maître de la dramaturgie théâtrale et cinématographique, puisqu’il endosse le rôle principal dans pratiquement chacun de ses films. Président de la Royal Academy of Dramatic Art depuis 2015, acteur de renom ayant remporté de nombreux prix tout au long de sa carrière, Branagh n’a certainement plus rien à prouver. Et pourtant…

Le revoici avec un film extrêmement compliqué à refaire de par la singularité et la promiscuité du lieu où se passe son intrigue : un train. En effet, au premier abord, on ne s’attend pas à être surpris par ce film dont beaucoup connaissent la fin. Et c’est là que Branagh signe un tour de génie en changeant totalement l’histoire. Ici, le film commence à Istanbul, contrairement au roman qui débutait dans le Taurus-Express, en Asie Mineure. Là où la romancière faisait démarrer l’histoire lentement (comme souvent dans les romans du détective belge), Kenneth Branagh, lui, donne un coup dans la fourmilière en faisant succéder diverses scènes où le rythme est soutenu et où l’on découvre un Hercule Poirot exigeant et ayant clairement une personnalité d’obsessif compulsif, faisant courir tout le personnel du palace où il séjourne pour satisfaire le moindre de ses caprices. Dans ce film, Branagh nous donne aussi le goût du voyage avec des paysages magnifiques traversés par l’Orient-Express. Tout se passe bien, on découvre les divers protagonistes qui vont peu à peu faire connaissance et l’on prend plaisir à découvrir le casting de qualité que nous a concocté le réalisateur. A savoir, Pénélope Cruz, Michelle Pfeiffer et surtout, Johnny Depp, qui jouera le rôle du truand Samuel Ratchett, celui-là même qui sera assassiné. On retrouve aussi d’autres habitués des films de Branagh comme Derek Jacobi, Judi Dench et Gerard Horan.

Côté suspens, bien que le lien soit vite établi entre les différents passagers du train, Brannagh conserve une certaine tension tout au long du film qui fait basculer l’humeur de certains personnages en fin de bobine. Il explore le côté sombre de l’âme humaine et nous montre comment des gens a priori bons peuvent se transformer en êtres détruits et assoiffés de vengeance. Face à cela, on retrouve un Poirot qui, bien qu’il a ses propres convictions au début, perd peu à peu pied et doit malgré tout trouver un moyen de faire résonner la justice dans ce train immobilisé au milieu de ce no man’s land. On assiste à des scènes parfois fortes en émotions et des plans superbes autour des voitures du célèbre train.

Avec Le Crime de l’Orient-Express, Kenneth Branagh réussit là un bel exploit en rendant un hommage certain à notre cher détective. Et comme on le devine à la fin du film, la suite des aventures d’Hercule Poirot est déjà prévue et s’intitulera bien entendu Mort Sur le Nil.

A propos Christophe Pauly 485 Articles
Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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