More

    Le Cri Soleil, fable de lumière et d’ombre

    Avec Le Cri Soleil, Siècle Vaëlban revisite le mythe d’Akhenaton dans une fantasy onirique et mystérieuse. Une fable au dieu soleil, à la fois créateur et dévoreur, qui éclaire autant qu’il consume.

    L’origine des “cris soleil” reste volontairement nébuleuse : ce sont des enfants choisis pour subir l’épreuve de la lumière, dont seuls quelques-uns ressortent pharaons… ou meurent brûlés de l’intérieur. La chaleur qu’ils abritent est presque impossible à contenir. Discipline et apprentissage deviennent alors essentiels pour que cette flamme ne consume ni l’être hôte, ni ceux qui gravitent autour de lui. Ces êtres singuliers échappent à la logique humaine : ils relèvent d’un mystère que la plume poétique, parfois abstraite, de Siècle Vaëlban ne cherche pas à dissiper, mais à révéler par touches.

    Au cœur de ce monde irradié, post apocalyptique, Phare, pharaon endeuillé, pleure sa compagne Cygne. Lui, qui inspire la crainte, n’a connu auprès d’elle que douceur et tendresse. Par le don de sa lumière, Phare permet à sa cité de survivre : sa chaleur nourrit et protège, comme une nova dont l’éclat maintient la vie.

    Parallèlement, Odanaï, jeune adolescente réfugiée dans une “Cloche” — ces villages isolés du monde — voit son destin la pousser à fuir encore. Et puis il y a Nour, postier, nomade, messager de la nouveauté. Dans les cloches, il est accueilli comme un présage heureux. Les enfants y étant rares, il offre volontiers son corps à celles qui désirent enfanter. Lorsque l’une de ses connaissances lui confie sur son lit de mort sa fille, Wava, il hésite à accepter. Mais comment refuser une supplique qui vient du seuil de la vie ?

    Wava n’est pas une enfant ordinaire : elle est un cri soleil. Il lui faudra trouver celui ou celle qui pourra lui apprendre à dompter son feu avant qu’il ne la consume — et, par ricochet, le monde autour d’elle. Ces trois âmes, que tout semble opposer, finiront par se croiser. Car la vie, parfois, obéit à des voies que la raison ne peut comprendre.

    Entre mythe et douceur

    L’un des grands atouts du roman réside dans sa narration polyphonique. Chacun des trois protagonistes devient un point de vue à part entière, une voix qui se déploie et s’affirme dans sa singularité. À travers Phare, Odanaï et Nour, c’est toute une mosaïque de perceptions, de douleurs intimes et de résiliences silencieuses qui se tissent. Leurs récits, entrelacés, composent une partition harmonieuse, empreinte d’une douce humanité. Le Cri Soleil ne cherche jamais la violence ni la confrontation : c’est un récit de douceur, d’accueil, de lien. Il enveloppe le lecteur plus qu’il ne le bouscule, l’invite à ressentir plutôt qu’à juger.

    Lire Le Cri Soleil, c’est accepter une véritable sortie de zone de confort. L’originalité de son univers, la richesse de son lexique et la musicalité des noms qui le peuplent composent une langue nouvelle, presque étrangère. Les repères se brouillent : les lieux, les distances, le temps lui-même paraissent fuyants. L’autrice invite à un lâcher-prise complet, à un voyage intérieur où l’on doit renoncer à tout vouloir saisir.

    C’est un texte que l’on vit comme une traversée en mer. Il faut faire confiance au capitaine, accepter la dérive, se laisser surprendre par le hasard des courants. Certains lecteurs, plus cartésiens, peineront peut-être à s’abandonner à cette expérience sensorielle et symbolique. Mais pour les âmes rêveuses, nomades, ou simplement curieuses de l’inconnu, Le Cri Soleil sera une aventure lumineuse — un miroir d’écume où se reflète, plus qu’un mythe, une quête de soi et de sens.

    Derniers Articles

    Titre : Le Cri soleilAuteur.ice : Siècle VaëlbanEdition : BragelonneCollection : Big BangDate de parution : 03 septembre 2025Genre : Fantasy Avec Le Cri Soleil, Siècle Vaëlban revisite le mythe d’Akhenaton dans une fantasy onirique et mystérieuse. Une fable au dieu soleil, à la fois créateur et dévoreur, qui...Le Cri Soleil, fable de lumière et d’ombre