La Fête est finie, chronique déterministe et appliquée

La Fête est finie

de Marie Garel-Weiss

Drame

Avec Zita Henrot, Clémence Boisnard, Christine Citti, Marie Denarnaud, Pascal Reneric

Sorti le 9 mai 2018

Après avoir participé à l’écriture de plusieurs films fantastiques ou de SF (Atomik Circus, Propriété interdite, Goal of the Dead, Don’t Grow Up), la scénariste Marie Garel-Weiss a décidé, pour son premier long métrage en tant que réalisatrice, de s’atteler à un projet beaucoup plus intimiste, personnel, et de s’éloigner complètement du genre. Avec ce film sur l’addiction – aux drogues dures et à l’amitié – elle s’enferre malheureusement dans les travers d’un cinéma pétri de compromis. Film social, film d’actrices, film grand public, film d’auteur,… La Fête est finie veut embrasser trop de catégories et occuper trop de terrains à la fois, se cloîtrant par là-même dans le domaine du film à sujet formaté.

Toutes deux toxicomanes, Céleste et Sihem se lient d’amitié dans un centre de désintoxication. Mal vue par le personnel encadrant tout comme par les autres dépendants, cette amitié finira par leur coûter leur place dans le centre, les livrant à elles-mêmes dans le monde extérieur. Après qu’elles aient emménagé ensemble, la relation des deux jeunes femmes passe petit à petit de fusionnelle à conflictuelle, alors qu’elles suivent des trajectoires opposées dans leur rapport à l’addiction et à l’intégration sociale.

Commençant comme une sorte de pendant féminin de La Prière de Cédric Kahn, recelant son lot de scènes didactiques – et pas franchement convaincantes sur le plan de la mise en scène ni de la direction d’acteurs – sur le fonctionnement interne d’un centre de désintoxication, le film glisse lentement mais sûrement vers la chronique d’une amitié ambigüe, s’attardant particulièrement sur le caractère asocial de deux personnages marginaux et apparemment destinés à le rester. Si le film se montre au final moins déterministe qu’il n’en a l’air au départ, il n’en reste pas moins très systématique dans son déroulé, comme s’il avait été construit comme une sorte de dissertation appliquée sur l’addiction.

Les personnages de Céleste et de Sihem semblent n’exister que comme exemples de ce qui peut se passer pour un addict, de la manière dont il peut se réintégrer ou non dans la société. Ce sont donc des impératifs de scénario et de démonstration sociologique qui guident les personnages, tels des marionnettes manipulées pour servir un propos certes construit mais finalement très attendu. Même si les deux actrices (Clémence Boisnard et Zita Henrot) parviennent à exister, notamment dans leurs scènes en commun, elles ne peuvent totalement se libérer de ce déterminisme qui pèse sur leurs personnages, et finissent irrémédiablement par tomber dans la performance criarde et hystérique malheureusement accolée à ce type de rôles.