La fabrique ou l’émancipation des femmes par le travail

Couverture du roman « La fabrique » de Simone Van Der Vlugt (10/18, 2022)

Titre : La fabrique
Auteur : Simone Van Der Vlugt
Éditeur : 10/18
Date de parution : 2 juin 2022
Genre : Roman historique


Simone Van Der Vlugt aime revisiter les Pays-Bas des siècles passés à travers des destins de femmes aux prises avec une société patriarcale qui limite fortement leurs choix de vie. Dans La maîtresse du peintre, l’autrice s’intéressait à la nourrice et maîtresse de Rembrandt, offrant une belle reconstitution de la ville d’Amsterdam au XVIIe siècle. Avec La fabrique, elle évoque la difficulté pour les femmes de la bourgeoisie de s’épanouir hors de la sphère privée à la fin du XIXe siècle ainsi que les bouleversements sociétaux causés pars la Première guerre mondiale.

Diriger une fabrique de fromage : un rêve partagé

Dès les premières pages, on entre dans le vif du sujet : À la mort de son père, Lydia Oorthuys découvre par hasard en fouillant dans ses papiers que celui-ci avait pour projet de lancer une fabrique de fromage en partenariat avec un fermier voisin. Orpheline et célibataire, la jeune femme cherche à donner un sens à sa vie et envisage sérieusement de réaliser le rêve de son père. Mais comment s’y prendre ? Nous sommes en 1892 dans la campagne hollandaise et une femme seule n’est pas autorisée à gérer une entreprise. Elle a donc besoin d’un allié. Ce sera Huib, un jeune fermier solitaire passionné par la mécanisation en cours de l’industrie agroalimentaire. Cette alliance insolite va leur permettre de réaliser leurs ambitions respectives… jusqu’à ce que les sentiments s’en mêlent.

Si le style de Simone Van Der Vlugt n’a rien de remarquable, son sens de l’intrigue et le rythme de la narration font de ses romans des lectures très agréables. Les personnages de Lydia et de Huib sont tous deux attachants, les chapitres alternant régulièrement les points de vue. La différence de classe sociale, encore déterminante en cette fin de XIXe siècle, les contraint à garder leur idylle secrète, non sans conséquence pour leur fille, Nora.

Deux destins, un même combat

La deuxième partie du roman est d’ailleurs consacrée à Nora, dont l’installation et le mariage aux Pays-Bas précède de quelques mois l’éclatement de la Première guerre mondiale. Le récit prend alors une dimension historique nouvelle à travers l’engagement de Lydia dans le mouvement féministe émergent aux Pays-Bas et l’expérience de la guerre par Nora en Belgique. Une épreuve qui transformera non seulement la mère et la fille, mais aussi les sociétés européennes toutes entières.

Les éléments de contexte historique et l’aspect intergénérationnel font de La fabrique bien plus qu’une simple romance d’époque. Cette nouvelle édition poche ne devrait pas décevoir les fans de l’autrice.

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