L’école est finie au Jean Vilar: La vérité sur le système éducatif d’aujourd’hui

De Jean-Pierre Dopagne, mise en scène de Cécile Van Snick, avec Chloé Struvay

Du 6 au 26 novembre 2014 à 20h30 au Théâtre Blocry (Atelier Théâtre Jean Vilar)

L’école est finie de Jean-Pierre Dopagne, jouée au Théâtre du Blocry (Jean Vilar) à Louvain-la-Neuve est un questionnement, ou plutôt une critique virulente et drôle du système éducatif actuel qui possède sans aucun doute des lacunes conséquentes. Elle retrace le parcours scolaire et universitaire d’une jeune femme qui, à première vue, n’aurait jamais dû devenir professeure de français.

Dés le premier acte, le ton est donné : « Ils m’ont violée », hurle Caroline, jouée par Chloé Struvay, qui porte à elle seule la pièce. Ce « ils », ce sont en fait les professeurs de Caroline qui depuis sa jeune enfance lui mentent sur ses capacités et résultats scolaires, délaissent les enfants dits « à difficultés » pour n’avancer qu’avec les plus prometteurs. La jeune femme faisait partie de ces élèves aliénés qu’on refile aux nouveaux enseignants et pour qui on qualifie de « Très bien ! » une note de 10 sur 20 à une interrogation.

La future enseignante y dénonce avec force et sans tabou cette volonté d’uniformisation, de formatage du système éducatif. Elle y cite les décrets incompréhensibles et très conceptuels qu’on croirait écrits spécialement pour embrouiller le cerveau des parents, des élèves et des professeurs eux-mêmes.
« Le savoir est un luxe » explique Caroline, luxe inexistant dans les programmes éducatifs, les enseignants sont forcés de suivre à la lettre le programme imposé par les autorités supérieures qu’elle appelle « les fossoyeurs pédagogiques » qui sont censés détenir le savoir absolu en matière d’éducation. La pièce se focalise surtout sur les ratés des cours de littérature qui ne prévoient notamment que la lecture d’œuvres niaises d’auteurs qui sont rapidement passés aux oubliettes plutôt que de piocher dans le répertoire d’auteurs reconnus comme Balzac, Dickens et bien d’autres.

Le jeu de l’actrice rend ce monologue vivant et amusant mais nous déplorons tout de même un manque de diversité d’expressions, c’est une expression faussement ahurie qui nous poursuit tout au long des actes. Nous regrettons également le côté caricatural de la description des professionnels de la mode et celles des PDG qui selon l’auteur ne peuvent être que des parents médiocres. Malgré cela, le texte est savoureux, bien écrit et drôle, on sent clairement la présence de la plume d’un ancien professeur dans la justesse des mots et le réalisme de la représentation de l’école.

Une pièce qui offre un angle orignal sur le métier d’enseignant en blâmant les politiques, plutôt que de se centrer sur les sempiternels mais pas moins aberrants problèmes des enseignants à savoir : la charge de travail importante à laquelle ils doivent faire face, la pénurie de postes fixes à pourvoir, la difficulté de gérer les remarques et exigences des parents d’élèves et le comportement odieux des élèves eux-mêmes.

Le constat est clair et réaliste : l’école telle que l’ont connue nos parents est bel et bien finie. Elle n’est plus qu’un prolongement de la société qui veut que chaque personne joue le rôle qu’elle lui impose.

A propos Carly Pona 9 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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