Jonathan Barré : « Faire une grande comédie d’aventure familiale à l’ancienne »

À l’occasion de la sortie de La Folle Histoire de Max et Léon, rencontre avec le réalisateur Jonathan Barré, qui œuvre pour le Palmashow, duo d’humoriste qui s’est fait connaître sur internet avant de réaliser des émissions pour D8,  depuis de nombreuses années, et dont il s’agit du premier long-métrage.

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Présentation

On ne vous voit pas souvent, mais vous travaillez avec David Marsais et Grégoire Ludig depuis longtemps. Comment vous êtes-vous rencontrés ? Quel rôle jouez-vous dans le Palmashow ?

Jonathan Barré : Cela fait un peu plus de dix ans que nous travaillons ensemble. Nous venons tous les trois du même village, à savoir Montfort-l’Amaury, dans les Yvelines. L’ex de Grégoire [Ludig] était la baby-sitter de mon frère. À l’époque, nous faisions des sketches chacun dans notre coin. Un jour, ils m’ont demandé de l’aide. Vu que nous nous sommes directement bien entendus, nous n’avons pas arrêté de travailler ensemble. En même temps, j’avais une caméra et pas eux ! (rires) Ensuite, on a enchaîné les sketches sur internet, ceux pour Konbini, puis ceux pour D8.

Vous vous contentiez de la mise en scène, ou vous interveniez ailleurs ?

Nous avons créé le concept de Very bad blagues et des Folles émissions ensemble. En général, nous décidons communément du thème et des idées, puis ils écrivent le tout. Nous sommes également nos producteurs, ce qui nous permet d’être présents à tous les niveaux, de A à Z.

Vous envisagiez le cinéma dès le départ ?

Oui. Nous sommes passés par la case internet, car c’était la seule façon de nous exprimer. Vu que personne ne nous connaissait, il n’y avait aucune raison pour qu’on vienne nous prendre pour faire du cinéma. (rires) Mais c’était le but dès le début. Le film est un peu la concrétisation de dix ans de travail !

La Folle Histoire de Max et Léon

La Folle Histoire de Max et Léon est en développement depuis de nombreuses années. Vous souhaitiez déjà faire un film d’aventure et d’époque ?

Comme nous adorons les parodies, nous voulions dès le départ faire un film de genre. Puis, nous nous sommes rendus compte que beaucoup de nos films préférés prenaient place pendant la Seconde Guerre mondiale. Je suis très fan des Indiana Jones, les garçons adorent La Grande Vadrouille… En plus, nous avions adoré faire des sketches sur cette époque… Nous avons donc décidé de faire une grande comédie d’aventure familiale à l’ancienne, de celles qu’on appréciait particulièrement étant gamins. Avec des cascades, des explosions, des avions, des side-cars et des nazis. (rires)

Quel a été votre rôle concernant l’écriture du scénario ?

Il fallait passer de ce que David [Marsais] et Grégoire [Ludig] avaient écrit, à ce que l’on pouvait réellement tourner. J’ai enlevé pas mal de choses, notamment pour des raisons budgétaires. La fin n’était pas non plus exactement celle que l’on peut voir dans le film. J’ai apporté quelques changements, puis je me suis chargé de la mise en scène. Au final, c’est le même fonctionnement que pour les sketches.

Le budget du film était-il conséquent ?

Pour un premier long-métrage, oui. En gros, nous avons eu autour de dix millions d’euros. Le problème, c’est que vu qu’il s’agit d’un film d’époque assez ambitieux, avec quasiment un nouveau décor par scène, l’argent partait très vite.

Comment avez-vous pallié à ce manque ?

Par la préparation. Sur les gros films américains, ils peuvent se permettre de tout construire à 360°, mais pour nous, c’était difficilement faisable… Prenons un exemple concret : lors de la scène qui se déroule à la BBC, il y a peu de plans différents. Nous les avons donc définis au préalable, puis nous avons fait construire les décors en fonction des axes de caméra, histoire d’en avoir le minimum possible et de pouvoir investir ailleurs, dans des scènes que je jugeais plus importantes. Je voulais notamment que celle du cabaret soit réussie, avec de nombreux plans sous tous les angles. À mon avis, c’est le passage qui représente le plus l’esprit Palmashow, avec ce côté musical et inattendu. Au final, tout est question de priorité.

Il y a donc eu peu de scènes coupées, j’imagine ?

Effectivement. J’ai essayé de ne tourner que ce que nous étions sûrs de garder. D’autant que le côté film d’époque imposait une certaine rigueur, qui limitait également l’improvisation. Nous avons eu 44 jours de tournage, mais la grande quantité de décors nous a obligé à aller assez vite. La plus longue durée d’occupation d’un décor fut de deux jours. Après, quelques scènes étaient un peu longues, et j’ai coupé un ou deux bouts de dialogue, dont une phrase de l’enfant du film qui dit « Mais où est Jeanne ? », en hommage à l’un de nos sketches.

La mise en scène

Contrairement aux sketches, une place plus importante est laissée à la mise en scène. Avez-vous ressenti de la pression ?

Je me suis entouré de la même équipe que pour les sketches, histoire de garder le côté familial. Ce qui inclut aussi un bon nombre des acteurs du film, qui sont pour la plupart des potes. Bien sûr, nous avons ajouté des gens qui avaient déjà œuvré dans le cinéma, mais être entouré d’amis et d’une équipe déjà connue a grandement aidé à diminuer le stress.

Il y a plusieurs clins d’œil cinématographiques dans le film, notamment une longue scène présentant un jeu de regards entre différents protagonistes. Était-ce une manière de rendre hommage à Sergio Leone ?

En fait, à la base, les personnages arrivaient dans le bar et se retrouvaient face à face avec les officiers, puis il ne se passait plus grand chose. J’ai donc essayé de monter un petit suspense, en faisant émerger une légère tension de ce duel d’yeux. En plus j’adore le cinéma et je viens de la parodie, donc j’ai pris l’habitude de copier. (rires) C’est un clin d’œil parmi d’autres. La scène de fin est quasiment reprise plan par plan d’Il faut sauver le soldat Ryan. (sourire)

La suite

La fin du film est assez ouverte. Envisagez-vous une suite ?

Alors, sans spoiler, à mon avis, les deux ne vont pas faire long feu. Donc s’il y a une suite, ce sera un court métrage ! (rires)

Et pour le Palmashow, de nouveaux projets ?

Dès que le film fut fini, nous avons refait des sketches (diffusés sur C8 le 4 octobre), parce que nous trouvons ça cool. À part ça, nous n’avons pas d’autres projets. Du moins pas communs. Chercher une idée pour chercher une idée n’est pas trop dans notre nature. Quand la bonne arrivera, on se lancera, mais pour l’instant, laissons déjà sortir La Folle Histoire de Max et Léon. Allez le voir et essayez de trouver Gaspard et Balthazar [personnages récurrents dans les sketches du Palmashow], ils sont cachés dans une scène !

A propos Guillaume Limatola 126 Articles
Journaliste

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