Good Boys, mini-supergrave

Good Boys
de Gene Stupnitsky
Comédie
Avec Jacob Tremblay, Keith L. Williams, Brady Noon, Molly Gordon, Midori Francis
Sorti le 18 septembre 2019

Porté par des spécialistes de la « nouvelle » comédie adulte américaine, à savoir les scénaristes Gene Stupnitzky et Lee Eisenberg (responsables entre autres de Year One ou de Bad Teacher) ou encore à la production le tandem Seth Rogen et Evan Golberg (Superbad, Sausage Party, Nos pires voisins, etc.), Good Boys porte en lui l’ambition affichée de proposer ni plus ni moins qu’un teen-movie trash joué par des enfants de dix à douze ans. Emmenant ses jeunes héros – obsédés par la perspective d’une fête lors de laquelle ils embrasseront potentiellement une fille pour la toute première fois – dans une « folle journée » parsemée de péripéties toutes plus graveleuses les unes que les autres, le film ne manque pas de très vite provoquer une certaine dose de malaise chez son spectateur, médusé de voir d’encore assez jeunes enfants débiter des insanités ou manipuler des objets dont la simple apparition à l’écran font déjà s’évanouir toute une partie de l’Amérique puritaine.

Good Boys a donc cette volonté de choquer en associant deux genres apparemment incompatibles, le récit initiatique pour enfants et la trash-comédie à haute teneur scato-sexuelle. Mais au-delà de ce projet légèrement douteux, le film contient quelques scènes qui amènent une autre dimension, finalement beaucoup plus troublante et vertigineuse. Car, lorsqu’intervient par exemple la scène attendue d’une dispute entre les trois meilleurs amis, dépassés par les événements, ceux-ci ne se contentent pas de se crier dessus, mais fondent tout simplement en larmes comme le ferait n’importe quel enfant de leur âge, ramenant ainsi le spectateur à l’évidence : ces héros de comédie plongés dans des situations grotesques ne sont finalement que des enfants.

De même, la dernière partie du film et sa conclusion le font entrer dans un registre encore plus inattendu, puisqu’elles convoquent carrément des sentiments tels que la nostalgie et la mélancolie, le tout toujours joué par les mêmes enfants de douze ans. Le dispositif donne à ces dernières scènes une saveur particulière, forcément inédite dans le genre. Cette touche finale accentue encore le sentiment bizarre de ne pas trop savoir sur quel pied danser face à un tel film qui, à la fois provoque le malaise mais procure également un certain trouble vertigineux quand il est question de faire notamment jouer la mélancholie à des enfants d’une dizaine d’années. Si Good Boys ressemble au fond à beaucoup de films – ceux déjà évoqués donc, Superbad, Ferris Bueller et consorts –, il est en définitive assez unique et étonnant dans son genre pour susciter un petit intérêt curieux.