De Ivan Caldérac
Mise en scène Fabrice Gardin
Avec Mustii, Bruno Georis, Manuela Servais, Robin Van Dyck, Arnaud Van Parys
Du 29 octobre au 23 novembre 2025
Au Théâtre Royal des Galeries
Du scénariste et réalisateur Ivan Caldérac, Glenn, naissance d’un prodige explore le destin tourmenté du pianiste Glenn Gould (1932-1982). Par sa virtuosité et son avant-gardisme, cet artiste de génie bouleversa le monde de la musique classique avant de se retirer inopinément au sommet de sa gloire. Forte de ses 6 nominations aux Molières 2023, cette pièce entraine le spectateur dans une symphonie de passions, de rires et de déchirements.
La mère et l’obsession
Le récit débute assez classiquement par les premiers pas d’un enfant surdoué, poussé par une mère sévère et affreusement ambitieuse. On apprend ainsi que le petit Glenn se cache dans les armoires, s’exerce au travers de jeux musicaux et qu’il noue une relation avec sa lointaine cousine. A mesure que sa carrière s’envole, le jeu gagne en intensité et l’on glisse du biopic à la tragédie. Bien qu’entrecoupé de scènes plus légères, le spectateur est alors happé par les outrances d’un perfectionniste maladif, emporté par une multitude d’obsessions.

Une intensité touchante
La pièce semble certes s’appuyer sur quelques clichés (la mère dominatrice, le père démobilisé, la cousine un peu simple). Les puristes, eux, regretteront sans doute que certains aspects de l’œuvre musicale de Gould ne soient qu’effleurés. Mais l’enjeu n’est pas là : Il s’agit plutôt ici de transcender la biographie pour interroger les liens familiaux, l’aliénation du génie et la solitude de l’artiste.
Constituant une véritable plus-value, le décor numérique évolue au rythme des émotions de l’artiste. La musique et les jeux de lumière s’y mêlent pour souligner la répétition des gestes, les silences lourds ou les moments de démence. Au centre de tout, Mustii incarne Glenn Gould avec une intensité rare. Ses gestes fiévreux, son corps crispé et son regard habité bousculent le public. Autour de lui, les autres comédiens apportent une touche d’humour bienvenue, allégeant la tension dramatique (du moins si vous aimez l’accent québécois).
Tout au long du spectacle, Glenn, naissance d’un prodige charme, émeut et questionne le spectateur. On en ressort avec une seule envie : Ecouter les Variations Goldberg et en apprendre encore davantage sur l’un des plus grands prodiges du 20e siècle.
