Girls and boys au Théâtre des Martyrs

© Matthieu Delcourt

Texte original de Dennis Kelly, mis en scène par Jean-Baptiste Delcourt, interprété par France Bastoen. Du 4 au 26 février 2022 au Théâtre des Martyrs.

« J’ai rencontré mon mari dans la file d’embarquement d’un vol Easyjet et je dois dire que cet homme m’a tout de suite déplu.»

A première vue, Girls and boys ressemble à un one-woman show drôle et piquant. Seule sur scène, une femme dont on ne connaîtra jamais le prénom retrace les différentes étapes de sa vie, et notamment sa rencontre avec l’homme qui deviendra son mari.

Et puis, alors que son récit, jusque-là chronologique, se met à être ponctuellement interrompu par des morceaux du quotidien avec ses deux enfants, on devine peu à peu que l’ironie et les bons mots vont tôt ou tard s’effacer pour laisser place à une tragédie d’une horreur sans nom.

Le décor vide et minimaliste, d’un blanc immaculé, est peu à peu salit et malmené au gré des apparitions des fantômes du passé, jusqu’à ce que jaillisse une flaque noire et sombre impossible à arrêter ou effacer, comme annonciatrice du drame à venir.

Girls and boys réussit la prouesse de nous faire passer par toute une palette d’émotions contradictoires. La pièce nous attrape par le rire et la légèreté pour ensuite nous entraîner vers une réalité beaucoup plus sombre. Le public, non averti et désarmé par le changement de ton, ne peut que se prendre en pleine figure la descente aux enfers du personnage.

France Bastoen délivre une prestation remarquable et nous tient en haleine d’un bout à l’autre, on regrette simplement que certains moments de silence, lourds de douleur et d’émotion contenue, ne durent pas un peu plus longtemps pour mieux prendre la mesure de ce qui est en train de se dérouler.

Seul bémol, certains passages du monologue souffrent d’un besoin de dimension didactique et informatif qui nous fait quelque peu sortir du récit et paraît presque clinique en comparaison avec le reste du texte. S’il est effectivement important et judicieux de souligner l’aspect systémique et global des violences genrées, il aurait pu être intéressant de le transmettre au public d’une autre manière qu’en citant des statistiques. Le cheminement du récit, qui passe lentement et subtilement de l’histoire d’amour idéale au cauchemar, nous offre une vision beaucoup plus organique et frappante de comment l’horreur peut surgir du quotidien.

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