Mise en scène de Ludovic Barth et Mathylde Demarez, avec Yoann Blanc, Raphaëlle Corbisier, Adrien Desbons, Gregory Duret, Eline Schumacher, Olivia Stainier, Clément Thirion, Thymios Fountas. Du 19 au 30 avril 2022 au Varia.
La Clinic Orgasm Society est une compagnie théâtrale née en 2001. Elle est formée d’artistes protéiformes et multidisciplinaires et ses projets se font sous la direction/impulsion de Ludovic Barth et/ou Mathylde Demarez. On lui doit, par exemple, à cette compagne atypique en 2020 Ton joli rouge gorge, une tendre folie futuriste sur une société qui a explosé la binarité des genres. La Clinic Orgasm Society offre aux spectateurs une expérience, un voyage déluré et décomplexé dans la création et dans la narration.
George Dandin ou le Mari confondu est une comédie-ballet de Molière ; George Dandin, riche paysan, obtient un titre de noblesse, un rang et une épouse en cédant sa fortune à Monsieur et Madame de Sotenville. Mais son épouse ne trouve aucun de ses comptes dans ce mariage imposé. Jeune et désireuse d’accueillir toutes les joies de son âge, elle se laisse courtiser par Clitandre, gentilhomme libertin de la cour.
Angélique est une femme enfermée dans un mariage arrangé et bouillonne de voir et de vivre intensément le monde. George Dandin est un paysan enfermé aussi dans ce mariage et se demandant si le titre de noblesse en valait la chandelle finalement. Les parents d’Angélique sont en presque tout point des caricatures d’une bourgeoisie étriquée et figée. Chacun offre à notre regard des facettes diverses qui écartent le spectateur d’une lecture manichéenne de la pièce.
Tour à tour, on pourra admirer, détester, comprendre, plaindre chacun. Et ce même quand il est flagrant que ce qui fait tourner cette petite cour, ce sont ces codes sociaux et de classe absurdes qui assoient parfaitement les rapports de domination dont personne ne semble pouvoir s’extraire.
Avec cette revisite, la compagnie nous performe une véritable réussite. C’est riche, c’est coloré, c’est généreux, c’est rythmé, c’est finement et drôlement joué. Cette saveur acidulée, pop rock dans la mise en scène. Ces costumes entre le grotesque et le génie. Ces interludes en chansons frais et entraînants. En toute subjectivité, ce George de Molière est absolument à voir. Si vous ne le voyez pas ici, poursuivez- le ailleurs, vous en serez culturellement récompensé.
