De Stephanie Kayal et Abed Kobeissy
Avec Stephanie Kayal, Abed Kobeissy et Pôl Seif
Du 7 au 18 octobre 2025
Au Théâtre de la Vie
Les 6 et 7 novembre
Au Théâtre National
Face à un présent génocidaire et un avenir incertain, Stéphanie Kayal et Abed Kobeissy poursuivent leur voyage désespéré vers une autre galaxie. Danse, musique live et texte expriment un humour noir qui tient lieu de bouclier et d’outil de survie.
Une femme et un homme derrière une sorte de sono. L’écran annonce « Journal de bord X089 » et énonce des banalités à l’exception de cette mention « coincés dans les pages d’un script avorté ». D’emblée un flash-back s’impose.
Galactic Crush, premier du nom, se déroule dans un univers parallèle où, en réponse à des décennies de corruption et de mal, un duo formé d’une danseuse anti-héros et de son acolyte musicien essaie de faire régner la justice de manière maladroite et naïve. L’anti-héros présente un mélange de bonnes et de mauvaises qualités et se distingue du super-héros qui est extérieur au tissu social et collabore avec les autorités pour combattre les méchants. L’anti-héros fait ce qu’il peut, pas toujours de manière très conventionnelle, mais il inspire la sympathie.
La performance explore la notion de fiction dans un monde où la réalité absurde a réduit le pouvoir de la fiction à exagérer. Elle confronte aussi la relation entre le performeur et le spectateur, en mêlant danse, musique et lumière pour exprimer cette quête héroïque presque impossible dans un contexte de désespoir contemporain.
Dans le deuxième volet de la saga on retrouve le duo d’anti-héros, une danseuse et un musicien, qui tente de fuir un monde en déclin en construisant un vaisseau spatial de fortune pour chercher une vie dans une autre galaxie. On retrouve également la danse et la musique live pour aborder des thèmes tels que le désespoir, la fuite, la survie et la réflexion sur une réalité. Elle fait écho à la réalité urbaine de Beyrouth, dont sont originaires les auteurs et interprètes – Stéphanie Kayal et Abed Kobeissy – à travers une fiction poétique et absurde.
Chorégraphe, danseuse et metteuse en scène libanaise Stéphanie Kayal partage sa vie entre Beyrouth et Bruxelles. Son travail brouille les frontières entre réalité et fiction, mêlant une esthétique dépouillée à une performance imprégnée d’humour noir. Musicien basé à Beyrouth, Abed Kobeissy est reconnu pour ses compositions innovantes mêlant instruments traditionnels, musiques électroniques, expérimentations sonores et collaborations interdisciplinaires. Son univers musical reflète les réalités urbaines libanaises, la famille et l’attachement à son pays natal tout en assumant la confusion du présent.
Le concept est original, quoique déroutant, et la qualité artistique de la prestation du duo de créateurs séduit autant que l’esthétique et le propos engagé qui traite des sujets graves tels que la crise urbaine ou l’exil de façon poétique. Il est vrai que le Liban pâtit, depuis de nombreuses années, de servir de champ de bataille aux pays voisins et antagonistes. Ceci explique, sans doute, que le nombre de Libanais répartis dans le monde est plus élevé que celui de ceux qui vivent au Liban.
En outre, l’explosion, le 4 août 2020, de centaines de tonnes de nitrate d’ammonium stockées dans un hangar de la zone portuaire provoquant des dégâts humains et matériels considérables – 235 morts, 6.500 blessés, 300.000 personnes sans abri – a mis en lumière le fléau de la corruption qui mine les milieux politiques du pays. L’enquête judiciaire qui a fait l’objet d’une obstruction politique, a été suspendue pendant de longues périodes, et n’a produit aucun résultat tangible cinq ans plus tard ; aucune condamnation n’a été prononcée.
Ce périple de l’anti-héroïne ratée et de son acolyte, en quête d’un nouvel univers, s’apparente « à la première tentative de récupérer le Liban des mains d’une élite corrompue ». Il rend également hommage aux millions de personnes exterminées pour leur attachement à tout ce qu’il leur reste : leur terre.
