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    Future Lovers. Loving in the past

    Sur scène, des boissons, des « softs », une bouteille d’alcool, des verres. Le public, assis sur des chaises ou des tabourets, entoure cette « before », ce pré-drink en devenir. La troupe arrive. Ils et elles sont jeunes, minces, beaux, belles, et ils et elles sont là pour faire la fête, boire, danser, parler aussi. Ce sont des jeunes en 2025 qui nous parlent d’amour, de sexe, et de liberté. 

    Voilà le programme de Future Lovers. Sauf qu’avant la fête, une comédienne, une vingtaine d’années, vient nous troubler. Elle débarque, seule, et commence à nous poser des questions, demande si on va bien. Bien sûr, personne ne répond. Et nous faisons bien, parce qu’on réalise qu’elle ne nous parlait pas. À la fois figée et mobile, elle se raconte face à ce qu’on imagine être un.e journaliste. Elle se rappelle de sa jeunesse, il y a longtemps, dans les années 2025 et en particulier de cette nuit où tout a changé pour elle, cette nuit où elle est devenue adulte. 

    Commencer avec un prologue aussi fort, à la manière d’une série télé américaine, c’est viser une belle ambition que le projet n’arrivera cependant jamais à combler. Parce que lorsque les lumières se rallument, rien ne nous aura fait comprendre en quoi cette nuit était plus mémorable qu’une autre, de quoi devenir « adulte » : nous aurons juste vu six jeunes danser, boire, rompre, discuter de choses et d’autres de la vie, sans grand chamboulement. 

    Le spectacle se vend comme une pièce qui parle d’amour et de la sexualité des jeunes d’aujourd’hui, de 2025. Pourtant, j’ai parfois eu l’impression de voir des gens de 25 ans se remémorer leur « jeunesse ». Des pré-adultes qui rejouaient leur scène post-école secondaire en prétendant toujours être ces jeunes-là. Dans le spectacle, ils et elles ne racontent rien qui fait ou ferait penser à 2025. Ils et elles parlent vaguement de liberté sexuelle, un homme tente vaguement de s’ouvrir émotionnellement à un autre, une femme dit que c’est chouette tout de même de pouvoir avoir du sexe avec des femmes et des hommes, et… c’est tout. 

    Le spectacle pourrait en fait nous faire penser à notre jeunesse, celle de la fin des années 1990, du début des années 2000, plutôt qu’à celle de 2025. Il faudrait en discuter avec un public d’ados, fort présents dans la salle, pour qui le spectacle est destiné et semble tout indiqué. Pour les autres, les presque adultes que nous sommes, il faudra surtout se contenter des scènes collectives, avec ou sans parole, où le spectacle est vraiment prenant. 

    Future Lovers est un spectacle qui vaut donc pour l’énergie débordante de ses interprètes lorsqu’ils ne disent rien mais bougent, s’embrassent, dansent. Le public ne sait alors plus où donner de la tête, les hommes se mettent à poil et les femmes en soutien-gorge  (très peu 2025) les corps sont proches de nous, la jeunesse se donne à voir, à toucher presque, comme une expérience vivante de notre passé. Mais dès qu’ils et elles s’arrêtent pour parler à deux de leurs petits problèmes d’ado, à la lueur bleutée de la nuit, le soufflé redescend. Le rythme est constamment en dent de scie. En souhaitant jouer sur l’hyperréalisme, comme si nous y étions vraiment ou comme si on regardait Skins en version espagnole et moins trash, la compagnie a fait le souhait de mettre le théâtre un peu de côté pour mettre en avant les confessions de jeunes déboussolés, très peu politisés ou conscientisés. La chanson de fin qui évoque les regrets d’adultes qui n’auraient pas suivi leurs idéaux de jeunesse ne peut que laisser songeur, la pièce n’offrant pas du tout l’image d’une jeunesse prête à tout pour défendre la liberté dont ils et elles parlent. 

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