Frankenstein en marionnette au Théâtre National

Texte et chorégraphie de Jan-Christoph Gockel. Créateur marionnettes & marionnettiste : Michael Pietsch. Avec Léone François, Anton Berman, Alfredo Cañavate, Bruce Ellison, Thomas Halle, Gianni La Rocca, Michael Pietsch (en alternance avec Laurenz Leky). Du 7 au 17 mars 2018 au Théâtre National. Crédit photo : Hubert Amiel.

Le metteur en scène Jan-Christoph Gockel et le marionnettiste Michael Pietsch joignent leurs créativités pour revisiter le chef d’œuvre Frankenstein. Partenaires depuis une dizaine de spectacles, ils s’intéressent aux univers du conte et du fantastique. Ils ont saisi une magnifique occasion et un nouveau terrain de jeu : l’atelier de Victor Frankenstein.

Dans le roman de Mary Shelley publié en 1818, Victor Frankenstein donne vie à un monstre à partir de chairs putréfiés. Pour la pièce, la Compagnie Peaches & Rooster a invité des volontaires à amener un objet personnel et en partager le souvenir lié. Crée à partir de toutes ces histoires, une marionnette en bois de 6 mètres de haut, manipulée par 10 artistes, prend ainsi vie. Ses premières respirations sont saisissantes. La musique d’Anton Berman nous porte dans une ambiance sombre et inquiétante. Et lorsque ce monstre de mémoire se déploie face à nous, tout semble alors minuscule et insignifiant. La marionnette a d’autant plus de force car elle abrite toutes ces existences mises en exergue par la présence de photographies, de vêtements, d’instruments faisant ainsi le lien entre passé et présent. Les frontières entre la mort et la vie, entre les manipulateurs et les manipulés, entre l’animé et l’inanimé deviennent totalement troubles. Les marionnettes crées par Michael Pietsch sont impressionnantes de vérité. Il a à ce jour fabriqué plus de 250 marionnettes. Nous vous recommandons à ce titre l’exposition de ces créations dans le hall du théâtre.

Malgré quelques longueurs de jeu qui nous font parfois sortir de l’histoire, nous sommes portés par les extraits des livres : Frankenstein et Ciment de Heiner Muller. On adhère moins au parti pris de changer constamment les rôles entre les comédiens car une légère confusion s’installe. Par contre, le mélange linguistique fonctionne à merveille. On y entend de l’anglais, du français et de l’allemand (surtitrés).

En voilà un sacré challenge, une idée et un concept original. Si vous ne connaissez pas l’univers de la compagnie, nous ne pouvons que vous conseiller de le découvrir.

A propos Celine Pagniez 12 Articles
Journaliste du Suricate Magazine