Du 09 au 18 octobre 2025, le Festival des Libertés prend place au Théâtre National Wallonie Bruxelles pour sa 24ème édition. Avec sa programmation riche en projections, conférences et débats, le festival privilégie le dialogue et présente cette année deux expositions photographiques puissantes, Emotion of protest et No Woman’s land.
Espace de rencontres, le Festival des libertés vise à dire encore plus fort ce que tout le monde pense déjà très haut. Au Théâtre de la fédération Wallonie-Bruxelles, dès l’ouverture de l’événement, les éclats de voix déjà nombreux seront difficilement couverts par ceux du crieur public, au rendez-vous chaque soir pour lire à l’assemblée quelques missives.
Les deux expos photos, accessibles librement dans le hall du Théâtre, invitent quant à elles à contempler et à s’interroger sur ces élans libérateurs. Deux photographes et une chercheure se sont rendues au plus près de luttes collectives, pour montrer leurs cris et leurs actes de mobilisation que l’on ne voit pas toujours.
De la résistance visible et invisible
Emotions of Protest, Yunghi Kim
La première exposition, Emotions of Protest, nous plonge dans des foules de manifestants, du mouvement Occupy Wall Street à Manhattan aux nombreux rassemblements pro-Palestine à New-York. La photoreporter américaine Yunghi Kim, membre de longue date de l’agence Contact Press Images, donne à voir une multitude de visages déterminés, parfois tristes, profondément en colère ou emplis d’espoir. Les slogans, écrits sur les pancartes, s’entendent presque au loin juste en regardant les images.
Ces hommes et ces femmes résistent physiquement et oralement face aux forces de l’ordre et inondent les rues de leurs révoltes. À travers eux, les photos de Georges Floyd, d’Eric Garner ou de Freddie Gray, tous morts entre mains de la police, semblent se dessiner. D’autres marches révèlent des élans bienvenus de solidarité et de fraternité, comme en 2017 à l’aéroport JFK pour dénoncer le Muslim Ban ou en mars 2021, contre la montée d’une haine anti-asiatique.
Dans cette exposition, la force collective des manifestants transparaît tout autant que leur vulnérabilité individuelle, notamment quand ils ou elles se présentent nus ou sont arrêté(e)s brutalement, sans pouvoir se défendre.

De l’autre côté, la résistance s’organise autrement et en silence.
No Woman’s Land, Kiana Hayeri et Mélissa Cornet
L’exposition No Woman’s Land s’attarde sur la vie des femmes en Afghanistan, depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021. Kiana Hayeri, photojournaliste irano-canadienne, et Mélissa Cornet,chercheuse française, ont parcouru sept provinces du pays pour enquêter sur les conditions de vie imposées aux femmes et aux filles.
Des témoignages recueillis évoquent une situation « bien pire » qu’auparavant et sont illustrés par la liste glaçante de décrets, d’instructions et de directives des talibans portant atteinte aux droits des femmes. Imprimée sur quatre immenses panneaux en toile au dernier étage du Théâtre, l’accumulation de ces interdictions inspire la révolte. Depuis quatre ans, d’un mois à l’autre, les femmes perdent progressivement leurs droits fondamentaux comme aller à l’école, travailler, s’habiller ou même circuler librement.
Dans No Woman’s Land, les femmes afghanes prennent toute la place. Essentiellement à l’intérieur, leur présence dans l’espace public étant de plus en plus contrainte, les clichés montrent leurs nombreux actes de résistance. Dans des écoles clandestines, de jeunes filles concentrées tentent d’apprendre malgré la pression qui pèse sur leurs épaules. D’autres parviennent à prendre quelques minutes de répit sur leur smartphone ou avec un livre à la main. La lutte n’est pas visible dans les rues, comme à Manhattan ou New York, mais elle est tout aussi forte et symbolique. Les femmes se rejoignent, s’organisent, pour continuer à vivre et garder espoir. Des photographies les montre en pleine préparation pour la journée internationale des droits des femmes ou pour célébrer un anniversaire, cheveux lâchés et maquillage sur le visage, le temps de quelques heures.


Selon les recherches d’Amnesty International, le traitement fait aux femmes par les talibans pourrait constituer un possible crime contre l’humanité pour persécution fondée sur le genre. Comme un cri silencieux, l’exposition photo le dénonce et poursuit la lutte pour ces femmes invisibilisées, aussi bien dans les rues d’Afghanistan que dans les médias.
Avec Emotions of Protest et No Woman’s Land, le Festival des libertés répond à son ambition de nourrir les dialogues sociétaux et faire entendre celles et ceux que l’on entend trop peu.
La photographe Yunghi Kim présentera l’exposition Emotions of Protest lors d’une rencontre avec le public le samedi 11 octobre.
Où ? Festival des Libertés, Théâtre de la fédération Wallonie-Bruxelles
Quand ? Du 09 au 18 octobre 2025 (les deux expositions photos sont accessibles librement durant les heures d’ouverture du festival)
Combien ? Voir les différents tarifs
