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    Fabriquer une femme, Marie Darrieussecq couronne la féminité

    Comme Sarkozy, on connaissait La princesse de Clèves. Et apparemment Marie Darrieussecq aussi. Faisant référence au roman de Madame de la Fayette, l’autrice contemporaine décide de situer son dernier livre dans le village fictif de Clèves. Un clin d’œil qu’elle adresse à nouveau à ce chef d’œuvre qui traite également du passage vers l’âge adulte.

    D’abord, il y a la voix de Rose qui s’élève. Rose bourgeonne dans une famille bourgeoise. Elle est en proie au désespoir qu’une jeune fille réservée et peu confiante peut ressentir. Mais de l’extérieur elle renvoie l’image d’une femme accomplie qui, un jour, mariera son premier amour. Malgré les problèmes érectiles que peut rencontrer Christian, Rose aime son jeune poète. Il a l’âme tendre et le regard affûté. L’avenir de Rose lui est ouvert. De nombreux chemins s’offrent à elle, elle qui se laisse pourtant enfermer dans sa rigueur morale.

    Ensuite, il y a Solange. Solange, c’est la fille de Province qui ne défie pas les mauvais stéréotypes en tombant enceinte avant d’avoir obtenu son bac. Solange, c’est celle qui rêve de déployer ses ailes, alors que ses racines l’en empêchent. La délurée. Celle qui écarte trop facilement les jambes. Mais Solange est aussi grande gueule que bruyante. Aussi ambitieuse qu’excessive. Dès qu’elle le peut, elle entame une carrière dans le théâtre qui la mène aux portes de la gloire.

    Et puis surtout, il y a la relation que les deux jeunes femmes entretiennent. Elles sont unies par les liens sacrés de l’enfance. Mais les normes sociales les éloignent l’une de l’autre. Ou du moins fait apparaître l’incompréhension dans leur relation. Rose envie la Solange qui s’affirme. Alors que Solange jalouse la prestance naturelle de Rose. Plus que deux faces opposées, elles représentent un sentiment commun. Un sentiment d’adversité qui peut venir abîmer la sororité.

    Marie Darrieussecq montre l’altérité. Mais elle montre aussi la proximité. Elle dresse le portrait de femmes complexes qui sont autant pleines de doutes que de forces. Fabriquer une femme est une lettre qui s’adresse à toutes celles qui se sentent obligées de se comparer. Celles qui manquent de confiance. Celles qui veulent réussir. Et celles qui veulent aimer. C’est une ode à la féminité et à la différence, rédigée par la plume faussement simpliste mais pleine d’empathie de Marie Darrieussecq.

    Cheyenne Quévy
    Cheyenne Quévy
    Responsable littérature

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    Titre : Fabriquer une femmeAuteur : Marie DarrieussecqÉditeur : FolioDate de parution : 04 septembre 2025Genre : Roman Comme Sarkozy, on connaissait La princesse de Clèves. Et apparemment Marie Darrieussecq aussi. Faisant référence au roman de Madame de la Fayette, l’autrice contemporaine décide de situer son dernier livre...Fabriquer une femme, Marie Darrieussecq couronne la féminité