En attendant Bojangles : la valse folle qui ne cesse de captiver

© Gael Maleux

De Olivier Bourdeaut. Mise en scène de Victoire Berger-Perrin. Avec Charlie Dupont, Tania Garbarski, Jérémie Petrus. Du 16 mars au 29 avril 2023 au Théâtre le Public.

Roman littéraire à succès, le cinéma et maintenant le théâtre n’ont de cesse de vouloir mettre en lumière cette bouleversante histoire d’amour. Fragile équilibre entre passion et destruction avec en trame de fond la maladie mentale. C’est au Public que nous avons pu voir cet En attendant Bojangles. La salle était pleine et l’attente était grande.

C’est l’histoire d’une famille, atypique et très fantasque. Gérard, le père, semble posséder mille métiers. Ils lui servent exclusivement à avoir les poches assez pleines pour réaliser les folies que sa femme projette pour leur vie à deux. Pour lui, elle n’a pas de prénom, elle est une femme différente, insaisissable chaque jour de leur vie. Elle, c’est la folie qui fait briller ses yeux. Maniaco-dépressive, borderline, elle est flamboyante, vivante, changeante, toujours accrochée à ce disque de Nina Simone qu’elle aime tant, l’éponyme « Mr Bojangles ». De leur histoire d’amour est né un enfant, Charles, retiré très tôt des bancs de l’école. Il vit cette vie romanesque avec ses parents, emplie de danse, d’ivresse, de philosophie et de poésie. Un bonheur qu’ils partagent ensemble jusqu’à ce que cette vie leur coute plus que ce que vienne leur réclamer le fisc.

Une narration poignante

Cette histoire aurait pu être tout autre si elle n’avait pas été contée avec l’immense poésie de son auteur. Des dialogues pleins de dévotion mais aussi avec cette authenticité que seule la folie peut receler. Après quoi courrons-nous ? Et que gagnons-nous à être raisonnable ? Sur la scène du Théâtre Le Public, Charlie Dupont, Tania Garbarski et Jérémie Pétrus ont fait honneur à cette histoire. Cette poésie, nous l’avons retrouvée à travers leurs interprétations et leurs engagements. La mise en scène de Victoire Berger-Perrin a, elle aussi, pu faire la lumière sur les parts sombres de ce couple. Rendant évanescent ce qui n’existait plus et présent ce qui existerait toujours dans l’esprit d’un petit garçon.

Un public conquis

La salle pleine témoignait de l’engouement que ce trio provoquait. Le public, tantôt hilare, tantôt silencieux, vivait au rythme du lent déroulé de la narration. Le moins que l’on puisse dire c’est que cette histoire continuera sans nul doute à inspirer les esprits créatifs de ce monde. Et comme ne cessait de dire Gérard, le père, cette folie qu’il y avait en elle, elle lui appartenait. Nous pouvons vous dire que le temps d’une soirée, au milieu de la salle des voûtes, cette folie, elle nous a appartenu aussi.