« Divorce Club », adynaton à la française

Divorce Club
de Michaël Youn
Comédie
Avec Arnaud Ducret, François-Xavier Demaison, Audrey Fleurot
Sortie le 15 juillet 2020

Sept années se sont écoulées depuis la sortie de Vive la France, le road movie touristique de Michaël Youn. A l’époque, le long métrage n’avait pas su trouver son public et encore moins ravir la critique, lasse du rendu inégal de cette comédie potache. Avec Divorce Club, Michaël Youn fait table rase du passé. Fini les réalisations égocentriques et la pâle copie de Sacha Baron Cohen. Pas de doute, l’intéressé a intégré d’autres codes cinématographiques… mais pas forcément les bons.

Divorce Club, c’est l’histoire de Ben (Arnaud Ducret), un homme trompé, humilié et largué par sa femme lors d’une fête d’entreprise. Au fond du gouffre, Ben croise par hasard Patrick (François-Xavier Demaison), un ancien ami riche et divorcé qui lui propose d’emménager chez lui. Mais ce qui devait être au départ qu’une colocation de quadragénaires va se transformer en lieu de débauche pour divorcés, le Divorce Club.

Au regard du synopsis et du casting, il faut bien avouer que l’odeur d’un Very Bad Trip tardif à la française nous titillait les narines. En effet, qui mieux que l’ancien animateur du Morning Live et plume des 11 commandements pour réaliser un film sur une débauche d’ivresse et de luxure ? C’est alors qu’à la lecture de la fiche technique du film, notre regard se posa sur un point crucial marqué en gras : comédie française.

Si la phrase qui précède relève davantage de la boutade que de la désobligeance, elle souligne néanmoins l’une des tares du cinéma hexagonal de ses quinze à vingt dernières années : l’exagération quasi systématique des situations humoristiques flirtant non pas avec l’absurde, mais bien avec l’adynaton. Et pour cause, un certain type de comédie française semble être totalement perméable à la surenchère dans l’irréel voire la fantasmagorie. Cela donne lieu à des dérives contextuelles abstraites et improbables dans des récits réalistes. En cela, Divorce Club ne fait pas exception et, même si cela est fait pour provoquer le rire, l’immodération y est constante. La conséquence est immédiate : le spectateur ne s’y retrouve pas.

Hormis ce défaut, tout n’est pas à jeter dans ce Divorce Club. Certaines scènes sont drôles et réussies grâce, notamment, à l’adéquation parfaite entre certains personnages et leurs interprètes. Arnaud Ducret, Caroline Anglade, Marc Riso ou encore Youssef Hajdi excellent dans leurs rôles respectifs et apportent au film une dimension drolatique salutaire.

En résumé, Divorce Club ne réconciliera pas nombre de critiques avec la comédie populaire « Made in France ». Les idées sont bonnes, sans être novatrices. Les scènes sont drôles, sans être hilarantes. L’histoire est divertissante, sans être mémorable. Une troisième aventure correcte pour Michaël Youn avec la réalisation. La prochaine fois, on espère cependant que l’aventure ne sera pas sans lendemain.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.