Titre : Diane Arbus
Auteur.ice : Aurélie Wilmet
Edition : Casterman
Date de parution : 07 mai 2025
Genre du livre : Roman graphique
Contrairement à Aurélie Wilmet qui a longtemps hésité entre la photographie et l’illustration avant de devenir autrice de bande dessinée, rien ne prédestinait Diane Arbus à une voie artistique. Si ce n’est peut-être sa personnalité excentrique. À 15 ans, la jeune Diane découvre qu’elle déteste peindre à un camp créatif où ses parents l’ont envoyée pour la séparer de son fiancé qu’ils n’approuvent pas. Allan n’est pas un mauvais parti. Mais il est trop âgé pour la demoiselle qui est encore si volage. Cet été-là, Diane fait la rencontre d’Alex qui deviendra à la fois le rival et l’ami d’Allan.
Diane, avec une sensualité fantaisiste, endosse le rôle de l’enfant gâtée. Elle prend un certain plaisir à éconduire les deux hommes, alors même qu’Alex se marie avec une autre. Elle les veut tous les deux. Qu’importe si cela peut briser l’harmonie qui unit les deux couples. Et puis elle ne veut pas vraiment travailler. Ou du moins, elle n’est pas convaincue par la pratique de la photographie à laquelle l’initie Allan dans le but d’en faire un gagne-pain. En fait, au départ Diane semble irresponsable, si bien qu’elle en devient parfois irritante.
À l’exaspération, succède la tendresse. Diane Arbus devient une femme seule, vieillissante avant l’âge, qui met son originalité au service de son talent. Ce n’est pas la photographie qu’elle n’apprécie pas, c’est le manque de sens de certaines commandes. Et plus particulièrement l’hypocrisie des images de mode. Diane Arbus veut du concret. Du réel. Elle veut capturer ce qui échappe au regard. Ceux que nous cherchons à dissimuler. Les existences que des normes sociétales écartent parce que divergentes.
Dans une ambiance bleutée qui rappellent plus le cyanotype que l’argentique, Aurélie Wilmet capture avec bienveillance le parcours de cette femme hors norme qui, elle-même, s’intéresse à ceux qui ne rentrent pas dans les clous. En redéfinissant les limites de la case et en assumant les textures de ce qui semble être un mélange de crayon et de marqueurs, la bédéiste fait la part belle à son idole. Et c’est le cas de le dire, puisqu’elle se résout à en dresser un portrait touchant, et ce, dans un graphisme cristallin.