« Coupez ! », un remake plus maîtrisé que l’original

Coupez !
de Michel Hazanavicius
Comédie, Horreur
Avec Romain Duris, Bérénice Béjo et Grégory Gadebois
Sortie le 29 juin 2022

Michel Hazanavicius renoue avec son amour de la comédie et s’en donne à cœur joie dans une réappropriation du déjà culte mais trop méconnu Ne coupez pas. Un remake plus maîtrisé que l’original, mais qui ne surprendra pas les adorateurs de la version nippone.

Ne coupez pas est une success-story comme on en voit rarement. Film étudiant réalisé en huit jours par Shin’ichirō Ueda pour un budget de 25000 dollars, il rencontrera un succès tel qu’il verra son parc d’exploitation s’étendre aux quatre coins du Japon. Tournées en festivals, diffusion internationale (confidentielle) et 26 millions de dollars de recettes sur sa terre natale plus tard, ses droits sont rachetés par Vincent Maraval (Wild Bunch), qui confie la réalisation d’un remake à son ami Michel Hazanavicius. Quoi de plus cohérent que de proposer ce projet à un metteur en scène qui s’est forgé une filmographie sous forme d’hommage constant au cinéma ? De la revisite des codes du film d’espionnage des années 60/70 dans sa saga OSS 117 à son exploration du cinéma américain muet des années 20 avec The Artist en passant par son biopic sur Godard dans Le Redoutable, le réalisateur a toujours pris soin de cultiver pastiche et humour. Car c’est bien de cela que traitait “Ne coupez pas”. Production fauchée mais authentique tour de force, le film se voulait être une mise en abyme des différents métiers du cinéma sur fond de tournage d’un film de zombies qui se retrouve justement victime d’une invasion de zombies.

Difficile de parler de Coupez sans gâcher la surprise que réserve la fin de son long et déstabilisant plan séquence de plus d’une demi-heure. A la fois hilarant, horripilant voire consternant par moment, il serait dommage de l’abandonner avant sa résolution pendant laquelle tout le film prend sens. Hazanavicius prend ici le parti de respecter l’original quasiment à la lettre, que ce soit dans sa construction à sa galerie de personnages. Et bien que l’idée d’une réinterprétation de son modèle s’efface au fur et à mesure du long-métrage, force est de constater que le réalisateur parvient à agrémenter la formule d’un rythme plus digeste.

Cette fluidité, il la regagne dans sa deuxième partie. Là où Ne coupez pas proposait une exposition scolaire dans sa présentation de l’équipe de tournage, Coupez y insuffle une dimension autobiographique bienvenue à travers le personnage de réalisateur interprété par Romain Duris (dont la femme, loin d’être un hasard, est campée par une Bérénice Bejo explosive). Surtout, Hazanavicius profite de son aisance avec la comédie pour proposer une panoplie de seconds rôles encore plus excentriques qu’auparavant. Toutes et tous excellent dans ce joyeux bordel qui s’achève dans un dernier tiers délirant et effréné en forme d’hommage aux équipes de tournage, aux imprévus et à la débrouille. Pour l’authenticité, on repassera mais à défaut de réinventer, Hazanavicius livre une œuvre réjouissante, souvent hilarante, qui peine quand il joue la carte du pathos (la relation entre Duris et sa fille) mais qui se rattrape grâce à un humour plus présent et une mise en scène aussi précise que l’original.