« Conséquences d’une disparition », ou l’absence de résolution

Titre : Conséquences d’une disparition
Auteur : Christopher Priest
Editions : Folio
Date de parution : 7 octobre 2021
Genre : Science-Fiction

Christopher Priest, auteur de science-fiction, s’est constitué une certaine notoriété dans le milieu des littératures de l’imaginaire. Et comme beaucoup d’auteurs anglo-saxons, son succès est flagrant autant auprès des anglophones que des francophones. On le voit entre autres via les différents prix qu’il a reçus : World Fantasy Award, Grand Prix de l’Imaginaire, Arthur C. Clarke Award, prix Bob Morane, … Beaucoup le connaissent grâce à son œuvre Le Prestige qui a été adaptée au cinéma par Christopher Nolan, avec en tête d’affiche Hugh Jackman et Christian Bale.

Conséquences d’une disparition (An American Story) est un des derniers livres de Christopher Priest, publié en 2018 chez les Éditions Denoël et nouvellement édité en 2021 chez Folio SF. La couverture de cette nouvelle édition met directement la puce à l’oreille quant au sujet du roman : on y voit une image inversée des deux tours du World Trade Center, en feu. Cette œuvre traitera en effet entièrement des attentats du 11 septembre 2001. Pour ceux qui ne connaissent pas les détails de l’événement, pas d’inquiétude, vous les découvrirez en profondeur dans l’histoire.

Le titre est également évocateur et résume le contenu du récit : le protagoniste, Benjamin Matson, alias Ben, journaliste de vulgarisation scientifique, va passer l’entièreté du récit à se renseigner sur la mort de sa petite amie, disparue lors des attentats. Le texte est écrit à la première personne, ce qui pourrait déplaire à certains, mais qui ici colle plutôt bien au style du roman. Le pitch peut paraître simple, mais ce sera tout le contraire. Le lecteur est plongé en profondeur dans les détails et les méandres des mystères de ces événements survenus il y a maintenant vingt ans. Théories du complot et théorèmes mathématiques s’entremêlent dans la trame narrative, tentant d’expliquer ce qui s’est réellement passé ce jour-là, mettant en exergue les nombreuses questions que le public s’est posées à l’époque et peut encore se poser aujourd’hui.

En arrière-plan de cet accumulation politique et mathématique, le lecteur voyage entre les États-Unis et l’Europe, à la suite de Ben qui va chercher des informations où il peut, interviewant différents acteurs des événements. On se retrouve ainsi à la fois dans des grandes villes américaines, comme New York City ou Washington, et dans des petits bourgades portuaires d’Ecosse, isolées et atteignables uniquement par un ferry ne faisant le trajet que quelques fois par jour. Une dualité est donc présente dans l’espace du roman, mais également dans sa temporalité. Le lecteur est sans cesse emmené d’un temps à un autre via les titres des chapitres : « En ce temps-ci » lorsque le protagoniste raconte son présent, « En ce temps-là » quand ses pensées l’emmènent dans son passé.

De petits éléments donnent également l’impression d’une plongée dans un univers fantastique, mais ils sont vite écartés par l’approche très « terre à terre » de l’analyse des événements par le journaliste.

L’intrigue avance très lentement, avec des allers-retours temporels constants ajoutant petit à petit des éléments supplémentaires à l’analyse – ou l’enquête si l’on peut l’appeler ainsi. Mais le tout reste très flou, avec toujours des nouvelles questions qui apparaissent sans cesse. Il y a malgré tout bel et bien un dénouement à l’histoire, mais pas de résolution. Le dernier chapitre emmène le lecteur dans un futur proche et entame une nouvelle phase dans l’enquête menée par Ben.

Malgré un sujet très riche et profondément analysé comme on peut le sentir, l’intrigue laisse le lecteur sur un sentiment d’inachevé, voire flou. On est poussé jusqu’à la fin à espérer une résolution qui ne viendra pas.