De Anne-Julia Neumann et Mary Schroeder
Avec Anne-Julia Neumann et Gracie May Marshall
Du 2 au 12 octobre 2025
Chez UP – Circus & Performing Arts
Il y a du peps, des paillettes, du rythme et de l’énergie et un questionnement sur la dépendance aux réseaux sociaux. Mais l’excès de maquillage masque trop peu la faiblesse de la présence du cirque
En grand sur l’écran, @samplusbri – pour Samantha & Brianna – qui se présentent, sur Instagram, comme superstars du hula hoop, icônes du rap et ambassadeurs de marque. Chose surprenante lors d’un spectacle, le public est invité, non pas à éteindre son smartphone, mais à le laisser bien allumé afin de diffuser des photos sur le réseau social.
Deux jeunes femmes entrent en scène, vêtements au motif léopard, des flots de paillettes, hauts talons verts, pour l’une, orange, pour l’autre. Elles portent chacune un blouson qui arbore, dans le dos, leur effigie. A noter, que le pantalon ne comporte qu’une seule grande poche, à l’arrière, pour y glisser le smartphone.
Elles entament quelques figures : un poirier avec cerceau, mouvements de jambes et dandinement du croupion. Viennent ensuite des manipulations plutôt ludiques et esthétiques de leur accessoire de prédilection, le cerceau. Petit numéro de hula hoop autour du chignon de l’une, jonglerie avec une sphère et trois cerceaux, quelques acrobaties, le tout en direct sur les réseaux.
Ces deux belles aiment leur image et sont préoccupées, obnubilées, par les résultats des votes du public quant à leurs prestations. Avec des questions aussi existentielles que « n’ai-je pas trop de maquillage ? ». Mais à force de trop vouloir paraître, plaire à tout le monde scotché à l’autre bout de l’écran, l’amitié et la complicité se fissurent et les chemins se séparent.
La création du spectacle #clickit de la Compagnie Hopscotch (Belgique), portée par le duo Mary Schroeder et Anne-Julia Neumann, s’est nourrie d’une observation du défilement quasi continu sur nos écrans et du fossé entre la satisfaction attendue et celle réelle des usages numériques. Les artistes brouillent les frontières entre le monde réel et le monde virtuel mêlant prestations en live sur le plateau et images captées dans les coulisses ou les loges. Soulignant la place omniprésente des smartphones et réseaux sociaux dans notre quotidien, les interprètes alternent jonglage, équilibre sur les mains, rap et danse, et invitent, par là, le public à questionner l’authenticité des images et expériences partagées en ligne.
Ces intentions toutes légitimes, l’enthousiasme et l’énergie de Sam et Brit, le côté glamour et chatoyant du show n’éclipsent toutefois pas une certaine frustration générée par la proportion trop ténue des prestations circassiennes dans l’ensemble du spectacle. Surtout dans le temple bruxellois du cirque contemporain.
