Chroniques de jeunesse, de l’usine à la BD

Couverture de la BD « Chroniques de jeunesse » de Guy Delisle (2021)

Scénario et dessin : Guy Delisle
Éditeur : Shampooing
Sortie : 27 janvier 2021
Genre : Roman graphique, autobiographie, humour

Après le succès de ses Chroniques birmanes et Chroniques de Jérusalem, Guy Delisle dévoile ses Chroniques de jeunesse. Avec l’humour tendre et intelligent qui le caractérise, il évoque son expérience du travail étudiant dans une usine de papier, alors qu’il rêve de devenir dessinateur.

Le monde l’usine vu par un étudiant en arts plastiques

Alors qu’il est étudiant en arts plastiques au Québec, le jeune Guy Delisle se fait embaucher comme ouvrier temporaire à l’usine de papier dans laquelle travaille son père. Pendant trois étés successifs, il travaille 12 heures d’affilée, quatre jours par semaine, encadré par des ouvriers qui lui montrent comment nettoyer, entretenir et réparer les machines. Un travail technique et répétitif que l’auteur parvient à décrire de manière amusante et intéressante en partageant son regard de jeune étudiant, curieux et amusé, sur un univers d’entreprise avec ses propres codes.

Une leçon d’humilité

Le quotidien à l’usine est en effet loin des préoccupations artistiques du jeune Guy. Dans ce monde à part, exclusivement masculin, camaraderie et rivalité se mêlent dans une ambiance qui fait la part belle aux préjugés sociaux et culturels. Sans condescendance, Chroniques de jeunesse évoque avec humour les discussions entre ouvriers pendant les pauses, tout en distillant quelques anecdotes sur l’histoire de l’usine et quelques explications sur les méthodes de travail.

Avec le trait faussement naïf qui le caractérise, Delisle parsème ses dessins tout en nuances de gris d’éléments de couleur orange vif. Un contraste marqué qui évoque la discordance entre le jeune homme et son environnement de travail. En partageant son récit à la première personne, l’auteur créé un personnage immédiatement attachant, plein d’humilité et d’autodérision.

Un père étranger à son propre fils

Une autre dimension s’ajoute à la découverte du monde ouvrier : celle de la relation avec le père. Alors que ce travail étudiant aurait pu être une occasion pour le jeune homme de se rapprocher de ce père divorcé qu’il ne voit que rarement, la difficulté de communiquer avec celui qui est devenu, depuis longtemps, un étranger à ses propres enfants, semble insurmontable. Un témoignage d’autant plus touchant que l’on sait l’importance du thème de la parentalité dans les œuvres de l’auteur.

Au final, les inconditionnels de Guy Delisle retrouveront dans Chroniques de jeunesse le ton intimiste, drôle, intelligent et touchant qui fait de l’auteur un maître incontesté de la bande dessinée autobiographique.

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