Brussels Jazz Festival : Une nouvelle excellente édition

Du 12 au 21 janvier se déroulait la troisième édition du Brussels jazz Festival qui, une fois de plus, proposait une programmation de grande qualité composée de la venue de talentueux musiciens internationaux et d’excellentes formations belges dont la réputation, pour certaines, dépasse nos frontières.

Au vu de cette programmation, le premier sentiment qu’on pouvait avoir cette année, c’est que la trompette était quelque peu mise à l’honneur (notamment avec Bert Joris et le BJO, Wadada Leo Smith avec Vijay Iyer, Bart Maris en Workshop) et nous avons assisté pour vous à trois autres soirées présentant des vedettes de réputation mondiale et un nouveau projet de chez nous.

En concert d’ouverture et devant une salle comble, le festival accueillait  Roy Hargrove en quintet.Le trompettiste apparut, dès son entrée, en plus grande forme que jamais et déclina une prestation de haut vol.

Tout au long des 14 thèmes, alternant trompette et bugle, ballades ou morceaux soutenus,Roy Har…groove a conquis le public en présentant une musique vivante remplie de sensibilité.

Accompagné par une rythmique d’enfer dynamisante et se partageant les solos avec le merveilleux saxophoniste alto Justin Robinson, le trompettiste se permit de jouer aussi du blues, de la soul mais encore de chanter comme un crooner ou de scatter .

On le savait, il peut tout se permettre et son sens du swing nous a régalés.

La seconde soirée était constituée de deux concerts.

Le premier était celui du quartet du batteur Mark Guiliana qui s’est notamment illustré avec Brad Mehldau et a collaboré avec David Bowie.

La très belle complicité entre les musiciens a permis au groupe d’explorer différents genres en passant du jazz au rock notamment et le batteur fait aussi tomber les barrières en faisant un cocktail; ceci en approchant les musiques plus modernes et en utilisant parfois une sonorité électronique. Vraiment intéressant.

Le second concert fut celui d’Avishai Cohen, moment très attendu de ce festival puisqu’il avait déjà fait l’unanimité  à Flagey en mars dernier.

Le trompettiste israélien était accompagné d’une section rythmique (piano, contrebasse, batterie) de grande qualité à laquelle il a laissé une grande liberté d’expression.

Sa prestation était composée en grande partie de son dernier opus. Il en découle une performance faite de grâce et de retenue. Il nous emmènera dans son imaginaire en apesanteur où l’émotion est palpable à chaque note. Nous ne sommes pas sortis indemnes de cette très belle soirée.

La dernière soirée comportait également deux très bons moments.

Le premier concert était celui de notre excellent batteur Lionel Beuvens et son groupe Motu. Celui-ci a présenté son second et très bel album Earthsong (Igloo). Ce nouvel opus propose une musique qui sort des sentiers battus. De manière très variée, il présente des thèmes mélodieux, groovants, lyriques dans lesquels chacun des musiciens a une grande liberté d’expression. Il y a eu donc une réelle interaction entre eux et la cohésion d’un collectif était évidente.

La seconde prestation était celle de Monsieur Tom Harrell qui venait avec son projet Trip. Soutenu par une rythmique sans piano jouant tout en dextérité et précision, le trompettiste et bugliste de 70 ans qui a joué avec les plus grands jongla avec le saxophoniste ténor Ralph Moore.le principe était souvent le même: ils entamaient le morceau ensemble, puis prenaient chacun leur solo avant de mieux se retrouver pour le finaliser.Les deux souffleurs présentèrent un jeu très technique, parfois décousu, moins bebop que d’habitude mais plutôt dans un style classique. Encore un grand moment mais surtout la preuve que le Brussels Jazz Festival a offert une belle diversité musicale et qu’il est la référence belge du début d’année.

Bravo et à l’année prochaine!

Photos : Bernard Rie

A propos Pierre Gérard 65 Articles
Chroniqueur pour la partie du Suricate Magazine consacrée au Jazz