Bohemian Rhapsody, au plus proche de Queen

Bohemian Rhapsody
de Bryan Singer et Dexter Fletcher
Biopic, Drame
Avec Rami Malek, Lucy Boynton, Aaron McCusker
Sorti le 31 octobre 2018

Galileo, scaramouche et bismillah, le groupe que l’on attendait sur grand écran est enfin là !

Ce biopic retrace le parcours triomphal du groupe Queen et de leur fameux chanteur, Freddie Mercury, de son vrai nom Farrokh Bulsara, depuis l’arrivée de ce dernier dans le groupe jusqu’au concert Live Aid de 1985. Depuis le processus de création de leurs chansons jusqu’à la vie tumultueuse de l’inoubliable Freddie Mercury, le film choisit d’aborder plusieurs aspects de front pour rendre compte de la montée et des trébuchements du groupe. Ce film a été mené par Bryan Singer, réalisateur du thriller culte Usual Suspects, du moins avant qu’il ne décide de quitter le tournage quelques semaines avant la fin et que Dexter Fletcher ne le remplace.

Bohemian Rhapsody tient le rythme, sans longueurs, avec un très bon équilibre entre musique et histoire. Pas de place pour l’ennui, avec de bons choix de caméra, des images et des couleurs soignées et un très bon rendu sonore de l’œuvre musicale de Queen. Les scènes de concert font oublier la salle de cinéma et donnent envie d’applaudir entre deux frissons.

Les acteurs sont vraiment convaincants et leurs personnages deviennent de plus en plus attachants. Rami Malek incarne Freddie Mercury avec brio, tant dans le caractère que la gestuelle, même si son interprétation est plus marquante après le début du film. Les premières scènes sont quelques peu décevantes, puisque l’entrée de Freddie dans le groupe est abordée trop rapidement, en gommant certains détails, tandis que l’on perçoit encore trop l’acteur derrière le personnage. Le reste du film fait toutefois oublier ce début approximatif.

Le film est parsemé de légères touches d’humour qui ne manqueront pas de vous voler un sourire, sans briser l’atmosphère puissante et émouvante qui le domine. La première partie laisse une place de choix à la création et à l’expérimentation qui entoure les titres les plus emblématiques du groupe, tout en rapportant l’entente familiale de la formation, pimentée par le perfectionnisme de Freddie. Leurs premières chansons semblent naître d’un laboratoire musical fait d’une part de hasard, de répétitions intensives et de transgressions. L’alcool et la drogue sont traités en toile de fond, implicitement, comme des motifs presque inévitables plutôt que dramatiques, sans tomber dans le cliché des rockeurs sous influence.

Le milieu du film présente quelques défauts narratifs qu’il faut tout de même signaler. La vie sentimentale et sexuelle du chanteur prend peu à peu le pas sur le groupe et sa musique. De plus, la chronologie classique de ce biopic contraste avec l’originalité créative de Queen. Freddie reste présenté comme une légende, avec une part d’ombre pas suffisamment affirmée. Les moments de colère et de conflits sont étonnamment rares. Plutôt que de démystifier le chanteur, le film se concentre sur les personnages de Paul et Mary, liés respectivement à la part d’ombre et de lumière de Freddie. L’émotion qui se dégage de ces scènes permet toutefois d’oublier ces facilités narratives pour se plonger dans l’histoire.

L’image et le son nous emportent complètement dans l’univers de ce groupe subversif et il est difficile d’en sortir après la scène finale, le Live Aid, un concert magistral autant dans l’histoire que dans ce film. Cette scène vaut autant le coup d’œil que le coup d’oreille ! Freddie Mercury ne souhaitait pas dramatiser sa maladie, cette fin positive constitue donc un choix appréciable.

A propos Cynthia Prévot 17 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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