« Blackwater », une épique saga qui met l’eau à la bouche

Titre : Blackwater (T1 – La Crue)
Auteur : Michael McDowell
Editions : Monsieur Toussaint Louverture
Date de parution : 7 avril 2022
Genre : Roman

On l’attendait avec impatience, la saga Blackwater déjà culte aux États-Unis, a enfin traversé l’Océan pour jeter l’ancre dans nos librairies. Pensée pour être publiée comme dans son format d’origine, c’est-à-dire en six volumes à raison d’un volume toutes les deux semaines, le premier épisode est disponible depuis le 7 avril. 

Il y a plein de bonne raison d’être intrigué par Blackwater, que ce soit pour l’énorme travail de commercialisation réalisé par Monsieur Toussaint Louverture, ou simplement parce que, dans le magasin, l’aspect inhabituellement lumineux du livre a su attirer votre regard. Mais, énigmatique, l’ouvrage ne l’est pas que dans sa conception. Dès les premières pages, on se laisse engloutir par des eaux boueuses, en se demandant quels profonds secrets elles pourraient bien nous livrer. La crue commence de manière humide, le village de Perdido noyé par le fleuve du même nom. Alors que l’eau monte, entre en scène une femme aussi impénétrable que les flots et dont la couleur des cheveux rappelle étrangement l’argile qui tapisse le fond de la Perdido. S’ensuivront alors des évènements de plus en plus mystérieux, à base de sinistres tourbillons et de chênes grandissant à une vitesse exceptionnelle.

Mais Blackwater, c’est aussi une histoire de femmes. Une mère et une amante extrêmement manipulatrices se disputent l’attention de l’homme qui les unit, moins pour son amour que pour la sensation de pouvoir que ce jeu leur procure. Littéralement, les hommes sont des pantins dont les ficelles sont tirées par des femmes à l’intelligence redoutable et à l’appétit féroce. Dans Blackwater, elles ne brillent pas, défigurées par la convoitise, mais au moins elles sont toutes sous le feu des projecteurs.

Paru aux États-Unis il y a quarante ans, la saga connaît un succès qui, à l’époque, ne s’exporte pas. McDowell –  scénariste de Beetlejuice ainsi que de L’Étrange Noël de Monsieur Jack, et proche de Stephen King – a pourtant su se faire un nom dans l’industrie américaine du divertissement. Comme on l’apprend dans l’épilogue, certains passages de la vie du maître conteur sont dignes d’un bon roman. McDowell est un auteur qui, comme son grand ami, endosse fièrement le titre d’ « écrivain commercial », revendiquant une écriture simple mais imagée capable de faire voyager le lecteur dans ses plus grandes angoisses.

Passionné d’occulte et détenteur d’une incroyable collection d’objets mortuaire, l’horreur ne lui fait pas peur. Mais rassurez-vous, La Crue n’est pas le genre de roman à vous provoquer des sueurs nocturnes ! Comme le dit Monsieur Toussaint Louverture, Blackwater est à la croisée de différents chemins – saga familiale, comédie de mœurs, surnaturel. L’écriture est simple et dénuée de prétention, aussi agréable à lire pour l’adolescent que pour l’adulte. Sans fioritures ou effets de style inutiles, McDowell parvient si bien à décrire l’humidité de l’Alabama, qu’en le lisant on se sent trempés.

Coup de cœur d’une maison d’édition qui a l’habitude de soigner ses sorties, la version française de Blackwater a bénéficié d’un traitement de luxe. Les dimensions légèrement plus petites que celles du poche rappellent les paperbacks américains, format dans lequel est initialement parue l’œuvre. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, chacune des couvertures a été confectionnée sur le sol français, en utilisant un procédé d’impression qui nécessite plusieurs passages, afin de donner au livre tout le relief et l’éclat qu’il mérite.