Comment Weekly, compagnon de route de John Blacksad est-il devenu photojournaliste de faits divers ? C’est ce que nous propose de découvrir Juan Diaz Canales avec Blacksad stories : Weekly, un spin-off de la célèbre série. Un ouvrage qui n’est pas uniquement là pour combler un vide légitime, mais qui, grâce au talent de scénariste de Canales nous parle, comme pour la série principale, des travers de l’Amérique des années 1950.
Dustin, une fouine, vit à New-York avec sa grand-mère d’origine russe, Chana, dans un minuscule appartement et vivote en acceptant des petits boulots au plus grand désespoir de Chana. Fidèle croyante, elle décide d’aller voir la pasteure Lubansky, une brebis qui mène une croisade contre le mal incarné à ses yeux, par les publications destinées aux jeunes lecteurs : les comics… Le mari de la pasteure embauche Dustin dans un commerce respectable : une maison funéraire ! Résigné, Dustin décroche pourtant un autre job chez Proper Comics, dirigé par Venables, l’ennemi juré des Escadrons de la Vertu de la pasteure Lubansky.
Approche critique
La série Blacksad a toujours présenté diverses facettes à son public. En plus d’être un excellent polar qui rend hommage aux films des années 1940-1950, elle a toujours porté un message critique, politique sur les travers de cette époque, souvent en lien d’ailleurs avec l’actualité récente. Ségrégation raciale, chasse aux sorcières, dérive du capitalisme, les sujets choisis ont toujours résonné face aux problèmes de notre société actuelle, et ironie du sort ou choix de génie, à l’heure où la liberté d’expression est de plus remise en cause, notamment aux Etats-Unis où l’on retire nombreux ouvrages des bibliothèques publiques, Juan Diaz Canales nous parle de censure et de la peur de l’inconnu.
Bien entendu, il le fait fort intelligemment en y incluant une bonne dose d’humour – Weekly ayant toujours joué de malchance – mais on ne peut que rire jaune face à ces parangons de vertu toujours prêts à interdire – que ce soient les comics, les jeux vidéo, les nouveaux genres musicaux au cours du 20ème siècle – pour soi-disant protéger les jeunes générations.
Graphiquement, il faut également saluer le travail de Giovanni Rigano qui a parfaitement su épouser le style de Juanjo Guarnido et dès lors inscrire cet album dans la continuité graphiques des épisodes originaux.
Blacksad stories : Weekly est une réussite, tant scénaristique que graphique que l’on ne peut que vous conseiller.