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    [BIFFF] Arto Halonen : « Nous aurons besoin de l’amour pour régler le problème du changement climatique »

    Vous la connaissez l’interview du fond de tiroir ? Mais si, celle que vous retrouvez cinq mois après l’avoir faite et où vous vous dites « Oh merde, j’ai oublié de la publier celle-là ». Voilà. Eh bien voici la nôtre. Pour l’édition 2025 du Festival du Film Fantastique de Bruxelles, nous avions interrogé Arto Halonen, réalisateur de After us, the flood (Jälkeemme vedenpaisumus pour les intimes). Et on s’est dit que c’était dommage de l’avoir perdue car le bougre a des choses très intéressantes à nous raconter. En plus, son film vaut vraiment le détour ! Alors voici pour vous l’interview d’Arto Halonen près de six mois après le festival. C’est cadeau.


    Arto Halonen, ravi de vous rencontrer et bienvenue au BIFFF. Votre film traite du changement climatique et de la nécessité de remonter le temps pour réparer les erreurs du passé. Première question : est-ce qu’on est foutus ?

    Oui, on est bien foutus (rires). Et d’une manière ou d’une autre, les gens évitent d’aborder la réalité de la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Il faut donc que quelque chose se passe très vite si nous voulons laisser un monde meilleur, ou même un monde tout court, à nos enfants dans le futur. Nous sommes à un moment vraiment crucial de notre Histoire.

    Comment vous est venue cette idée avec le voyage dans le temps et le changement climatique en toile de fond ?

    En fait, c’est l’idée du scénariste Ossi Hakala. Il m’a dit qu’il avait toujours rêvé de faire un film sur le voyage dans le temps. Puis il a vu Dream et il m’a dit : « Tu sais quoi ? Je vais faire ce film sur le voyage dans le temps. » Il a alors commencé à réfléchir à cette renaissance dans le mauvais corps, il s’est mis à travailler sur ces idées et sur le problème du changement climatique. Quand il a fini d’écrire le scénario, il me l’a présenté. Au début, cela ne ressemblait pas à un film pour moi, mais j’ai décidé de le lire et de lui donner mon avis et c’est comme ça que j’ai réalisé que je m’y identifiais vraiment.

    Votre film traite également du paradoxe temporel et du voyage dans le temps, un sujet assez risqué car il peut très vite déraper. Comment vous êtes-vous préparé pour que tout cela ait un sens ?

    Une fois encore, c’est principalement le travail du scénariste Ossi Hakala. Mais bien sûr, nous avons fait des recherches et demandé à des spécialistes si cela pouvait fonctionner ainsi. Le plus important était de rendre le tout convaincant. Si quelqu’un trouve des problèmes de logique, cela n’a pas beaucoup d’importance. Comme le film parle de la théorie de Heisenberg, j’ai également lu des articles pour savoir si cela serait possible et de quelle manière. Je pense qu’Ossi a trouvé une très bonne façon de le présenter.

    Malgré les sujets lourds, ce que j’ai aimé dans ce film, c’est sa simplicité. Était-ce votre objectif, de rendre les choses compliquées simples ?

    Oui, je pense. C’était important.

    Le thème principal du film est le changement climatique. Est-ce un sujet qui vous touche et vous affecte personnellement ?

    Oui, bien sûr. Je pense que cela devrait concerner tout le monde. À travers cette histoire, je voulais montrer que pour changer quelque chose d’aussi important que le changement climatique, il faut d’abord changer soi-même. C’est la clé de tout. En grandissant dans des environnements différents, une même âme peut devenir une personne totalement différente. Nous devons prendre conscience du rôle essentiel que jouent l’amour et l’énergie positive pour faire de nous des personnes meilleures. Nous avons besoin de ces éléments pour résoudre le problème du changement climatique mondial.

    Vous êtes reconnu pour vos documentaires. After Us, The Flood est-il plutôt une fiction ou un documentaire ?

    C’est une fiction, mais on retrouve un esprit documentaire dans la façon dont il a été réalisé et créé. La réalisation de documentaires vous donne des compétences d’observation qui m’ont été utiles ici.

    Avez-vous assisté à la séance au BIFFF pour voir comment le public a accueilli le film ?

    Oui. J’étais présent lors de la projection et j’ai entendu les réactions du public. Au début, avec le texte d’ouverture, ils étaient très calmes, ce qui m’a surpris. 

    C’est bon signe ici. Si le public est calme, c’est soit parce que le film est vraiment mauvais, soit parce qu’il le captive vraiment. 

    J’espère donc que c’était la deuxième option (rires).

    C’est votre première fois au BIFFF. Que pensez-vous de l’ambiance du festival ?

    C’est vraiment unique. Notamment grâce au public. Bien sûr, pour certains films, cela peut être une véritable horreur d’affronter ce genre de public, mais je respecte cela. C’est vraiment intéressant.

    Pensez-vous que les films fantastiques sont le moyen idéal pour transmettre des messages engagés comme les vôtres ?

    Oui, je le pense. C’est un bon moyen d’intégrer vos messages dans quelque chose de très différent. Depuis mon enfance, je rêvais de réaliser une histoire sur le voyage dans le temps, et j’en ai maintenant eu l’occasion. Cela m’a semblé être une façon très intéressante de le faire.

    Vous avez remporté un Méliès d’argent au Festival de Trieste pour After Us, The Flood. La reconnaissance de vos pairs est-elle importante pour vous ?

    Oui, parce que le cinéma est aussi un jeu de survie. Il faut être reconnu pour obtenir des fonds pour les projets suivants. Quand on travaille dur, cela donne l’énergie nécessaire pour continuer. Ce monde est fondé sur la concurrence, même si on ne le dit pas ouvertement. Les cinéastes se font concurrence en silence, car les enjeux sont énormes. Bien sûr, elle a aussi des aspects négatifs, mais elle génère une énergie positive. Elle vous pousse à reconnaître des sentiments négatifs et à les surmonter.

    Le cinéma finlandais n’est pas très connu ici en Belgique. Comment le décririez-vous, ainsi que son renouveau ?

    Nous avons une bonne combinaison. Au cours des dix dernières années, de plus en plus d’auteurs et d’artistes intéressants ont été mis en avant. La situation est plutôt prometteuse.

    Vous avez décrit votre méthode de travail comme guidée par l’intuition. Vers quoi votre intuition vous guide-t-elle actuellement, pour vos prochains projets ?

    Cela dépendra si j’obtiens le financement nécessaire. Nous travaillons sur un projet avec le même scénariste, ce qui est très excitant et stimulant. Je ne peux pas encore en dire beaucoup à ce sujet.

    Olivier Eggermont
    Olivier Eggermont
    Journaliste du Suricate Magazine

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