[BIFFF 2023 Jour 6] : Des extra-terrestres, des Basques et Bouli Lanners qui dégomme du nazi

Slash/Back, invasion extra-terrestre chez les inuits

Slash/Back est un film canadien au casting 100% inuit. Pour ce premier long métrage du sixième jour du BIFFF, on suit quatre adolescentes vivant dans la petite ville de Pangnirtung, population 1481 âmes, située sur l’île de Baffin au Canada. A Pangnirtung il n’y a pas grand chose à faire, vraiment pas grand-chose. Surtout pendant les vacances d’été la où il fait jours presque en continu à l’approche du solstice.

Les adolescentes décident, pour tromper l’ennui, de prendre le bateau du père de l’une d’entre elles pour aller trainer sur la rive d’en face, territoire interdit car dangereux. Elles vont y croiser un ours polaire à l’allure douteuse, ne marchant pas droit et qui finit par les attaquer. Une fois l’ours tué et ayant laissé s’échapper du sang noir, elles retournent sur leur île et c’est le début de l’invasion des extra-terrestres chez les inuits. Les aliens tentaculaires tuent et prennent possession des corps de leurs victimes, animales ou humaines, et boivent leur sang afin d’être plus fort pour tenter d’envahir la ville. Une idée assez classique d’invasion mais bien gérée puisqu’elle nous offre des aliens-humains assez angoissants avec une démarche complètement désarticulée et un visage bien déformé. Tout ceci se passant la nuit où il fait entièrement jour et durant laquelle TOUS les parents font une méga fiesta en dehors de la ville avec beaucoup d’alcool pour fêter le solstice.

Mauvais timing.

Slash/Back peut faire penser à Stranger Things et à La Chose sous certains aspects, en y ajoutant des décors magnifiques de pôle nord. Le film retranscrit de manière assez honnête et juste les personnages des adolescentes qui s’ennuient, même dans des beaux décors, le gsm collé à la main et suivant de près la vie des autres sur les réseaux. Le film amène une idée intéressante de refus d’identité à un groupe spécifique, le personnage principal Maika critique le mode de vie de ses ainés, le métier de vendeur ambulant de son père et les dessins et éléments de décoration inuits présents dans chaque foyer. Slash/Back est en conclusion un bon film divertissant si vous aimez les histoires avec des ado et des attaques extra-terrestres pas très rapide. A.S.

Mad Cats, des mi-chats mi-femmes et de l’herbe à chat sacrée

Mad Cats est un film japonais réalisé par Reiki Tsuno. Le pitch c’est une nouvelle race mutante michat mi-femme recherchant une boîte contenant de l’herbe à chat sacrée découverte en Egypte antique qu’un archéologue fan de chat à ramener au Japon, ladite boîte étant volée par le héros pour tenter de sauver son frère, capturé par les mi-chats mi-femmes. Cette phrase n’a aucun sens. Vous voila directement plongé dans l’ambiance de Mad Cats.

Le film joue sur les codes des films japonais vraiment farfelus, les acteurs masculins surjouent comme jamais et ne servent d’ailleurs pas à grand-chose, à part à faire rire tant ils sont absurdes et franchement pas dégourdi quand il s’agit de tenter de combattre. La quasi-totalité des scènes d’actions étant réalisées par les mi-chat mi-femme qui, pour le coup, offrent une ou deux scènes de combats assez intéressantes à regarder.

Le public présent, tout de même assez nombreux pour le ciné 2, a sauvé la projection. Un public hyper chaud qui n’a pas hésité à miauler dès qu’une évocation de chat était faite, c’est à dire très très souvent. Le film aurait pu faire un très bon court métrage mais en film d’une heure et demi ça devient un peu long, quelques scènes sont tout de même assez drôle, mêlant des effets spéciaux ou de caméra improbables à un jeu d’acteur parfois amusant mais souvent exaspérant.

Voir Mad Cats tout seul dans son salon? Non pas sûr.

Voir Mad Cats avec des potes et quelques bières? Oui peut-être.

Voir Mad Cats avec le public hyper chaud du BIFFF? Oui, très certainement la meilleure des options! A.S.

UFO Sweden : Kicki téléphone maison

UFO Sweden, c’est le titre du film (merci Le Suricate pour cette analyse d’information de qualité et ce journalisme d’investigation !) mais c’est aussi le nom d’une société en Suède. Mais devinerez-vous ce qu’ils font ? Elle est pas facile celle-là. Eh ben oui. Ils boivent du café, bouffent des tartelettes et se matent Rencontre du Troisième Type en boucle. Mais ça c’était avant que Denise ne vienne leur botter le cul. Et qui que c’est qui ça Denis ? La fille d’un de leur ancien pote de Donjon&Dragons disparu depuis des années et dont la fille clame qu’il s’est fait enlever par des aliens. Et d’après nos calculs, sur une échelle d’excuse à deux balles pour se comporter comme une merde avec les autres et rater sa vie, « mon père s’est fait enlever par des aliens » se classe à la 5e position. Tout juste entre « Je suis quelqu’un d’honnête c’est à prendre ou à laisser » et « Je suis Haut Potentiel et j’ai des problèmes d’hyperactivité ». Malgré tout, Denise et ses potos vont aller chercher l’aide de Kicki (KICKIIIIII !!!!) pour vérifier si le paternel n’était pas sur une piste.

Après The Unthinkable, le collectif Crazy Pictures nous revient avec ce qui aurait pu être un side movie de la quête de Murphy Cooper pour retrouver son père dans Interstellar. Mais avec un peu moins de budget et une équipe de geeks à la place de la NASA. Ça calme. Malgré tout, cette production suédoise qui joue allègrement avec les codes du genre tout comme avec une certaine nostalgie des années 90 arrive à très vite nous transporter. Vers l’infini et au-delàààààààààà ! Mais surtout dans une histoire qui mêle recherche de sens au-delà de la terre mais aussi sur la terre. Car la plus belle trouvaille qu’ils feront, c’est celle de l’amitié (Wonderwall commence à jouer en fond sonore…) Un très bon moment passé donc en compagnie de nos potos suédois qu’on espère revoir bientôt avec d’autres œuvres de science-fiction tout aussi bien torchées. O.E.

Monolith ou chier des briques par la bouche

Monolith ça parle d’une journaliste dont la carrière est sur le déclin, un peu comme celle d’Elisabeth Borne. Comme elle a le nez fin et qu’elle aime frissonner, elle décide de lancer un podcast sur le surnaturel. Un genre d’émission ASMR où elle enquête sur tous les mystères que Pierre Bellemare n’osait pas raconter. Même si elle reçoit beaucoup de témoignages d’illuminés, elle reçoit un jour un email qui parle de mystérieuses briques noires. Celles-ci arrivent par magie chez des gens et annoncent des évènements tant paranormaux que déplaisants (destruction de la maison, visions, tentatives de suicide, …). Plus elle enquête, plus elle se rend compte qu’il ne s’agit pas d’une blague de maçon portugais mais bien d’un phénomène carrément flippant qui a touché des dizaines de gens sur la planète. Bien consciente qu’elle peut viser un buzz équivalent à un bisou esquimau du Dalaï Lama sur Liloo le chien de GLB, elle décide d’aller au bout de sa recherche, même si la vérité pourrait bien lui déplaire.

Avec cette histoire de brique, on pourra dire Matt Vesely aura définitivement lancé un pavé dans la marre. Thriller très bien calibré, il ne laisse pas au spectateur le temps de s’ennuyer et l’embarque dans cette enquête par téléphone. Le pari n’était pourtant pas gagné car le film ne compte qu’une actrice, la très convaincante Lily Sullivan qui campe la journaliste, et un seul lieu de tournage, sa maison. Pourtant la simplicité des décors, la musique remarquablement précise, la photographie très minimaliste et l’unique personnage rendent le récit particulièrement réaliste. Et un thriller plus c’est réaliste plus c’est flippant.

Au vu de ce huis clos on a l’impression que le film a été imaginé, voire tourné, pendant le confinement, quand on avait un peu tous l’impression de devenir fous. C’est précisément ce sentiment de confinement que l’on retrouve dans le film, entre frisson et plaisir. Jusqu’à la fin, ultime twist, qui viendra cueillir ceux qui avaient jusque-là souffert du côté un peu claustro de ce thriller confiné. T.C.

Sisu : « Putain, je viens du trou du cul de la Finlande quand-même »

On avait quitté Bouli Lanners une Duvel à la main après son triomphe aux Magrittes. On le retrouve occupé à chercher de l’or dans le trou du cul de la Finlande. Si ça c’est pas un bon pitch pour un Very Bad Trip, je sais pas ce qu’il vous faut. Accompagné de son chien Parap (vous l’avez ?), notre cher Bølü trouve un filon d’or, de quoi le rendre riche pour plusieurs générations ? Mais est-ce assez pour acheter un million de jetons du BIFFF ? Vous trouverez sûrement la réponse à cette question inutile dans le prochain épisode du Bifffophone, le son du BIFFF, dont je suis l’un des deux heureux followers sur Facebook. Mais bon, pas de chance pour Bølü, on est en 1944 et tels des Anglais en vacances en Espagne, les nazis ont décidé de tout défoncer sur leur passage avant de quitter le pays. Et ça comprend bien sûr le gars seul sur son cheval qui transporte des kilos d’or. Sauf qu’ils sont tombés sur le seul gars de Finlande qu’il fallait pas faire chier.

Bon on va arrêter de tourner cent pas autour du pot rond, ce Sisu est tout simplement une perle du BIFFF. La salle du ciné 1 était bourrée comme un SDF après deux Gordon 14 et n’attendait qu’une seule choses : un déchaînement de violence aveugle contre des nazis. Et on en a eu pour notre argent. Véritable revenge movie jubilatoire au possible, ce Sisu ne s’arrête jamais de dégommer des gueules à un rythme effréné et nous offre tout ce que l’on était venu voir et bien plus. Le film de Jalmari Helander nous offre 1h30 de jouissance à un niveau que nous n’avions plus connu depuis Belgique-Brésil en 2018. Ne cherchez plus le gagnant du prix du public cette année, je vous parie la couille gauche de notre journaliste Thomas Cals que ce sera Sisu qui raflera la mise comme Mad Heidi l’avait fait l’an dernier dans un style très similaire. Pari tenu !  O.E.

Irati ou Iratipas ?

BRAVO. Enfin un film qui répond exactement à ce qui était annoncé dans le livret du BIFFF, et ça C’EST BIEN. Parce que celui qui a écrit le fascicule devra un jour répondre de ses actes : soit il n’a pas bien vu certains films car il est un peu myope, soit il est payé grassement par certains réalisateurs pour encenser leurs nanars soit il souffre de mythomanie compulsive, dans tous les cas c’est PAS BIEN. On nous ment. Et c’est surement encore un coup du lobby pédo-satanique. S’il s’agit du dernier cas de figure ce Paul Bismuth en puissance peut me contacter, je connais une offre d’emploi au Parlement.

On nous a promis des chevaliers, des monstres et des gros cailloux qui tombent du ciel, le tout dans un univers fantasy à l’accent basque, et c’est précisément ce qu’on reçoit. On a même droit en plus à un fétichisme des pieds assumé (c’est BIEN, sauf pour Elodie), à des trolls et autres cyclopes (c’est BIEN) et à une déesse mi femme-mi chèvre (c’est TRES BIEN).

Pas facile pourtant de signer un film fantasy sans être cheap, sans faire du CTRL C/CTRL V de Tolkien et en amenant quelque chose d’original. Pari réussi, Paul Urkijo Alijo arrive à donner à enchanter son histoire avec toute la mythologie propre au Pays basque. Les effets spéciaux n’ont pas à rougir des studios hollywoodiens et ils sont carrément assumés pour une si petite production. On avait peur de tomber sur une version cheap un peu série Z du Hobbit mais le film développe une vraie identité, notamment grâce aux musiques traditionnelles basques et aux paysages pyrénéens embrumés.

L’histoire nous fait rencontrer un jeune prince qui revient de l’étranger après la mort de son père dont le dernier souhait était qu’il reçoive une éducation chrétienne. Le caractère totalement attendu de l’intrigue est malheureusement le plus gros défaut du film. Le prince devra évidemment faire face à des opposants, réaffirmer sa légitimité et trouver le trésor caché. Pour ce faire notre héro sera accompagné par une guide mi femme-mi déesse. Cette belle créature souffre pourtant de pieds palmés qui ressemblent à ceux de Dinos dans la famille dinosaure. Ça l’empêchera pas de prendre son pied avec elle dans une scène de cul qui aurait fait retourner ce puceau de Tolkien dans sa tombe. Ça vous fait une belle jambe, mais moi les orgies de pieds palmés ça me rappelle Palmade, et ça c’est PAS BIEN.

Les personnages auraient pu avoir plus de profondeur, les dialogues sont un peu écrits avec les pieds (LOL), l’histoire a un côté déjà vu. Mais moi je m’en fous, j’ai bien aimé quand même parce que c’est pas tous les jours qu’on tombe sur de la bonne fantasy basque. Ou alors c’est que vous êtes plus calés que moi en fantasy. Ou en basque. T.C.

Anais Staelens, Thomas Cals et Olivier Eggermont

A propos Anaïs Staelens 62 Articles
Responsable de la rubrique Arts/Expos Journaliste du Suricate Magazine