[BIFFF 2020 (ou presque)] Sur une île Fantastique, une maison hantée pleine de zombies…

On ne va pas le répéter à chaque fois, le BIFFF est annulé. Les vacances de Pâques aussi, ça fait un mois que ces fichus gosses sont en vacances et que leurs parents s’obstinent à faire semblant de travailler à la maison. Mais qui dit annulation ou blocage à la maison, ne dit pas s’interdire ce plaisir coupable de regarder des films pourris, chelous, dingues, subversifs, dérangeants, gores, etc. Pour cela on a écumé les plateformes de VOD pour trouver un paquet de films correspondant à l’esprit de ce cher festival et vous partager deux trois idées pour pouvoir amener le BIFFF dans votre salon. Tuez encore ? Jamais plus !


Haunt : maison plantée

Je sais ce que vous allez me dire : « Oh non, encore un truc de maison hantée ! Mais ce concept est aussi usé que le rectum de Loïc Smars dans une soirée au Waff ! » Vous avez tout à fait raison ! Mais un BIFFF sans film de maison hantée, c’est un peu comme un BIFFF sans odeur de choucroute. Ce n’est pas la même chose. Le temps de remplir mon bidon de maitrank et d’expliquer à ma famille inquiète que faire le BIFFF chez soi n’est pas un signe de dérangement mental avancé et me voilà paré pour ce Haunt au Ciné 2C (Pour Ciné Canap Calebard).

Je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps, j’aurais sûrement mieux fait d’aller rejoindre Guillaume devant Frozen 2 pour suivre en live son coup de foudre zoophile. Oui oui, ils ont osé diffuser Frozen 2 au BIFFF. Plus d’informations là-dessus dans le prochain article de Guillaume Limatola.

Tel un combo débordement sur le flanc gauche/frappe enroulée du droit sur Fifa, Haunt a privilégié l’efficacité à l’originalité. Avec une histoire de groupe de jeunes qui veut se faire peur avec la maison hantée la plus terrifiante du coin, une bande de psychopathe aux manettes et des morts et tortures toujours plus inventives, Haunt ne sort pas du lot. Mais le travail a le mérite d’être bien fait malgré tout. Au final, Haunt représente à merveille l’impasse dans laquelle se trouve le cinéma d’horreur américain actuellement : il connaît ses classiques mais ne prend que trop rarement des risques par rapport à ceux-ci. Voilà pourquoi le cinéma d’horreur américain est sûrement un des genres les plus ennuyeux à suivre ces dernières années. O.E.

Fantasy Island, big fantasm with a midget !

Le BIFFF, c’est plein de films fantastiques ouzbeks et de productions horrifiques cambodgiennes, mais c’est aussi de bons blockbusters bien grassouillets. La séance d’hier soir, présentée en salle 13, était clairement attendue par les cinq festivaliers qui constituaient le public. Au menu, Fantasy Island, l’adaptation long métrage de la série des années 70 : L’île fantastique.

Temps de téléchargement : trois minutes (pile poil le timing des pop-corns dans le micro-ondes). C’est parti pour ce « fantasyIslandxxx.avi » ! Car oui, le BIFFF 2020 nous oblige à nous fournir sur internet, voire sur le dark web pour les produits un peu dérangés.

Le film commence normalement. Une île – fantastique de surcroît -, des gentils organisateurs tous vêtus de blanc, des bimbos et des abdos… Bref, on est clairement dans un springbreak avec les MST et tout, et tout. Mais plus le film avance, plus celui-ci nous plonge dans le doute. Tout d’abord, la surprise fut de taille lorsque, sorti de nulle part, arrive un plombier à l’accent marseillais dans la chambre d’hôtel de l’une de nos protagonistes. Le bellâtre moustachu prétend avoir été appelé pour un problème de fuite, mais sa cliente ne semble pas être au courant. Qu’à cela ne tienne, celle-ci ne se méfie pas et lui laisse ôter sa salopette. Evidemment, la gueuze est sauvagement agressée par le faux plombier qui l’a clairement fait souffrir pendant 15 minutes, mais n’a réparé aucune fuite. Tout est cousu de fil blanc certes, mais le choix fait par Jeff Wadlow de nous présenter une série de gros plans est assez réussi, c’est captivant !

Après une heure où la même scène se répète avec chaque protagoniste et que les regards complices se multiplient entre mes voisins Guillaume et Olivier, le film commençait à me gêner. Et pour cause, je ne retrouvais pas l’essence de la série originelle. C’est alors qu’autour de la piscine du complexe arrivent deux femmes vêtues de cuir et un nain en laisse. Bingo, voici enfin Tattoo ! Mais l’homme a bien grandi et, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, dézingue ses deux geôlières qui le supplient d’arrêter. Que nenni ! Une tribu d’oompa loompa en mawashi fait alors irruption dans l’auberge pour achever les restes de maquillage de notre duo malheureux aux seins siliconés. C’est gore, c’est abominable, mais bon c’est le BIFFF.

Sorte de SAW version nudiste, ce Fantasy Island a eu le mérite de nous couper l’appétit (sauf celui de Guillaume et Olivier). A défaut d’avoir eu un scénario varié, nous avons eu droit à un film bien monté ! Merci Jacquie Michel (NDLR : ce doit être son premier film, rien à son sujet dans IMDB) ! M.M.

The Odd Family : Zombie on sale. Un capitalisme mordant

Quoi de mieux qu’un bon film de zombie coréen pour passer une soirée agréable au BIFFF en calebard ? Eh bien un bon film de zombie coréen totalement barré ! Quand la famille Park voit un zombie débarquer dans son village, sa première réaction est de… faire payer les villageois pour qu’ils se fassent mordre par celui-ci ! La raison : sa morsure aurait des effets extraordinaires sur la santé des hommes. L’arnaque du siècle. Imaginez un peu. C’est un peu comme si on se mettait à consommer du pangolin pour ses vertus curatives et aphrodisiaques et que cela menait à l’effondrement de l’économie mondiale et plus de la moitié de l’humanité en confinement. Ah ah ah ah ah (rire sardonique).

Mais bien loin de l’ennui de cette période propre aux assassinats intra-familiaux (voire l’interview de Stéphane, le présentateur du BIFFF pour toute question sur le filicide), ce Odd Family nous offre un moment de divertissement plus que bienvenu. Grâce à un rythme bien ficelé, un humour décalé et une réalisation efficace, Lee Min-jae réussit à nous transporter dans son délire totalement barré. Et ça marche ! Au final, le film se présente comme la version coréenne de Warm Bodies mais avec beaucoup plus d’humour et sans la romance à la Twilight. On passe un bon moment et pour fêter ça, on va se resservir un peu de la choucroute que Guillaume nous a apporté ! Bon appétit. O.E.

Matthieu Matthys et Olivier Eggermont

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.