[BIFFF 2020 (ou presque)] Fin du BIFFF en calebard : un film-jeu, un zombie-like, The Plateform et 3 from Hell le dernier Rob Zombie !

The Complex : Bifffttle Royal

Déplacer The Complex dans la grande salle du Ciné 1 pour en faire profiter tout le monde était une riche idée. Il faut dire que le concept avait tout pour plaire au festival. Pour ceux qui ne le connaissent pas, The Complex c’est ce film dans lequel vous faites les choix du personnage principal (ndlr : Amy) et pour lequel vous pouvez décider si vous voulez à droite ou à gauche, fermer la porte ou ne pas y aller. Tout ce que le public du BIFFF aime. L’idée par contre de soumettre les choix à faire au gueulomètre de ce même public n’était par contre pas aussi riche. En effet, après 20 minutes de borborismes ininterrompus dignes d’un premier film de la Night, la jeune Amy terminait dégommée par un scientifique russe à la queue de cheval digne d’un documentaire sur l’Amérique profonde. Non Loïc, pas cette queue de cheval là !

C’est là que l’organisation du BIFFF arrivait avec une idée de génie : donner la télécommande dictant les choix de notre personnage à une personne au hasard dans la salle. Charge aux autres de trouver qui la possède s’ils veulent aussi l’utiliser. Et c’est là que la magie opérait instantanément. Il ne fallait pas dix minutes et trois choix tout moisis pour que la foule déchainée découvre que Roxane (appelée aussi « La fille du BIFFF ») était en possession de la télécommande et c’est à son corps froid et piétiné que notre journaliste Matthieu Matthys arrachait la télécommande. Se prenant pour le roi du monde, ce dernier n’hésitait alors pas à tenter de soudoyer le public du BIFFF, ce dernier réclamait des Trolls en échange de sa coopération pleine et entière. C’était sans compter sur la perversité de notre rédacteur-en-chef Loïc qui insérait alors l’ornithorynque adopté de Matthieu (c’est une longue histoire) à l’intérieur du corps de ce dernier via une entrée peu recommandable. Maître du jeu, Loïc se barrait aussitôt au fumoir pour aller s’en griller une mais subissait alors un tacle à la carotide par Guillaume Limatola, grand fan de Nigel De Jong devant l’éternel.

Cette baston générale était bien partie pour durer tout le film avant que Rémy ne rapplique à l’improviste pour choper la télécommande et mettre tout le monde d’accord. Personne n’osant s’approcher de lui à moins de 2m (double dose de parfum mon pote), il terminait tranquillement la partie. Pour pas grand-chose au final. Si le concept du film, entre cinéma et jeu vidéo, est intéressant, le scénario ne l’est pas vraiment. On a plutôt l’impression de participer au premier quart d’un vrai jeu vidéo ou d’assister au premier quart d’heure de Resident Evil mais sans aucun zombie, à notre plus grand regret.

Bref, un coup dans l’eau pour le film mais beaucoup d’amusement pour toute la salle !

Inmate Zero : Inspiration Zero

En attendant que le Covid-19 se décide enfin à produire des zombies, il faut encore s’en remettre au film de genre pour voir nos fantasmes devenir réalité. Comment ça ? Vous n’avez jamais rêvé de dégommer des infectés à coup de hache dans un monde post-apocalyptique ? Tendances psychopathes ? Mais pas du tout !

Mais pour le coup, ce n’est pas Inmate Zero qui va nous aider à réaliser nos envies malsaines. Car Russel Owen, celui à qui nous devons cette daube encore toute fumante, était visiblement peu inspiré au moment de la réalisation. Pourtant, des inspirations, il en a eues beaucoup au moment de faire son scénario. Et v’la t’y pas que je te chope une histoire de prison mystérieuse sur une île à Shutter Island, des patients infectés qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux de 28 Jours plus Tard et quelques petits détails de la saga Rec. Problème : notre cher Owen a oublié de s’inspirer aussi de la qualité des œuvres dont il s’inspirait. Ça, quand on écrit son scénario sur une feuille de PQ et la liste des incohérences de son film sur le reste du rouleau. Les personnages sont caricaturaux au possible, l’action est mal calibrée, les twists cousus de fil blanc et l’histoire vraiment pas intéressante. Une inspiration que le réalisateur gallois tient sans doute des trois dernières saisons de Walking Dead.

The Plateform : auberge espagnole

Premier long-métrage de Galder Gaztelu-Urrutia, The Plateform résume à lui seul la dimension prise par le cinéma de genre espagnol ces dernières années. Le film arrive avec un concept novateur, un rythme à couper au couteau, des acteurs qui livrent une performance fantastique et une réalisation magistrale. Cette petite pépite de thriller psychologique en huis-clos était annoncé comme un des outsiders potentiels dans les différentes compétitions et il a amplement justifié cette réputation.

Pourtant, la partie n’était pas gagnée. Surtout vu le concept du film que ne renierait pas Staline (Raoul Hedebouw, tu bois). Dans un futur proche, la population peut choisir de se rendre dans la fosse (el hoyo) ou y sont enfermés pour purger leur peine de prison. Chaque jour, une plateforme remplie de nourriture descend niveau par niveau. Les personnes des niveaux supérieurs se gavent pendant que ceux des niveaux inférieurs meurent de faim. Et chaque mois, on joue à la chaise musicale et on change toutes les places ! Vu comme ça, on dirait un manuel du capitalisme écrit par Jean-Luc Mélenchon. Mais quand on y regarde plus près, le film apporte beaucoup plus de matière que l’aboyeur français. The Plateform arrive à mêler psychologie humaine, sociologie et anthropologie, le tout avec un rythme absolument parfait.

Bravo.

J-351 avant le BIFFF 2021 et du Rob Zombie en clôture du BIFFF en calebard

Pas de palmarès à annoncer cette année pour la cérémonie de clôture du BIFFF, nous pouvions directement passer à la partie que tout le monde attendait : un bon film de clôture qui sent bon la tripaille ! Et de ce côté, notre vœu a été exaucé. Profitant de l’ambiance intimiste de ce BIFFF à domicile, la programmation ne nous proposait rien de moins que 3 From Hell en clôture. Et 3 From Hell, c’est la suite de House of 1000 Corpses et The Devil Rejects par Rob Zombie. Et qui dit Rob Zombie dit aussi gros slasher bien gore et détraqué. Il fallait donc une paire de cojones grosse comme des pastèques pour nous proposer cela en clôture. Mais vu que le BIFFF est le meilleur festival du monde, rien ne lui est impossible !

C’est donc dans une ambiance survoltée que ce 3 From Hell démarrait. Et après une première partie en hommage appuyé à Natural Born Killers, Rob Zombie nous proposait ce qu’il savait faire de mieux : des scènes où l’hémoglobine coule encore plus vite que la Troll dans ma gorge durant la Night. Et ce n’est pas peu dire. Il n’en fallait pas plus pour que le Ciné Canapé ne se transforme en véritable stade de foot avec un public déchaîné beuglant à tue-tête. Une visite impromptue de la police de Bruxelles-Capitale plus tard (je t’en fouterai moi du tapage nocturne !) la séance se terminait en feu d’artifice, histoire de clôturer comme il se doit un BIFFF@Home qui restera sans aucun doute dans les annales.


Une édition historique donc mais pour laquelle il nous a manqué certaines choses essentielles : l’odeur de choucroute, les présentations de Stéphane avant les films, les chansons des invités, les invités, les costumes, les maquillages, le maitrank, Jean-Luc, de la Troll, les hamburgers du BIFFF, l’ambiance durant les films, les cris de Roxane, la gastro après les hamburgers du BIFFF, les animations partout dans le festival, le fumoir plein à craquer après le film de 18h30, toute l’équipe du festival, les bénévoles, le film de 14h avec la gueule de bois de la veille, les 10h de sommeil après la Night, la Zombifff parade, voir Noël Godin se casser de la moitié des films après 30 minutes, les séances de 00h30 pleines à craquer, les séances de 00h30 où il reste 4 personnes après le générique, les films japonais incompréhensibles, les gros slashers qui déchainent le public, les blagues, les copains du BIFFF, la tête incrédule de tes proches quand tu leur dis que tu vas passer 13 jours enfermés pour voir des films peu recommandables, les conseils de Jonathan sur les séances à ne pas rater dans le festival, les stagiaires toujours souriants, la salle de presse où il fait 45° au moindre rayon de soleil, l’impression que le BIFFF a commencé hier alors qu’on en est déjà au dernier vendredi, la folie du festival, le BIFFF en fait.

Et pour toutes ces raisons (et tant d’autres qu’on oublie), nous décomptons déjà les jours avant le BIFFF 2021. Parce que le BIFFF, c’est le meilleur festival du monde.

A propos Olivier Eggermont 117 Articles
Journaliste du Suricate Magazine