« Belle » et les autres

Belle
de Mamoru Hosoda
Animation, Aventure, Drame
Sorti le 16 février 2022

Suzu, lycéenne peu confiante et renfermée sur elle-même depuis la disparition de sa mère, peine à s’affirmer et à s’épanouir dans la petite ville japonaise où elle réside avec son père.

En se créant un alter-ego au sein du monde virtuel « U », l’adolescente parvient à vaincre ses inhibitions et devient en son sein une chanteuse mondialement célèbre. Alors que son identité réelle fait l’objet de mille spéculations et menace d’être dévoilée par des personnes mal intentionnées, Belle cherche à nouer une relation de confiance avec « La Bête », personnage fauteur de troubles, mystérieux et visiblement en détresse de « U »…

Hosoda revient ici sur le thème déjà exploré dans Summer Wars des possibilités offertes par un monde virtuel. Celui-ci s’avère cependant loin d’être central dans l’intrigue. Hosoda le présente comme un territoire neutre, qui n’est ni intrinsèquement bon ou mauvais, mais dépend de l’usage qu’en font les utilisateurs. Sans masquer les dérives qui peuvent intervenir dans ce genre d’environnement, le réalisateur nous montre comment un univers alternatif et facilitant la communication peut aussi s’avérer salvateur pour des individus isolés et vulnérables.

Visuellement, l’esthétique du film est superbe et finement travaillée. Le monde virtuel, en animation 3D, foisonne de détails, de plans vertigineux, de jeux d’échelles et de couleurs pétillantes, qui viennent contraster avec l’animation en 2D du monde réel, plus minimaliste et dans des tons pastel. L’œuvre parvient à garder une cohérence artistique tout en établissant clairement la différence entre les deux mondes, facilitant ainsi la distinction pour le public sans avoir besoin de constamment montrer le passage de l’un à l’autre.

Si le scénario propose une vision optimiste et altruiste, voire rafraîchissante et nuancée, de l’utilisation des mondes virtuels, il n’est cependant pas exempt de certaines maladresses. Certains personnages et intrigues secondaires auraient mérité d’être plus développés, tandis que d’autres paraissent un peu annexes et nous font perdre de vue la trame principale.

Le dénouement, bien qu’inattendu et évitant les poncifs du genre, est amené de manière plutôt abrupte et aurait mérité un développement plus progressif.

Belle possède néanmoins de très grandes forces, en particulier les scènes chantées dont la mise en scène soignée, le travail sonore et la richesse d’émotions qu’il transmet sont spécialement réussis. Le film mérite d’ailleurs absolument un visionnage en salle pour une meilleure appréciation. L’équilibre entre l’humour et les scènes plus dures est également parfaitement maîtrisé, et les personnages parviennent à être rapidement attachants en peu de temps d’écran.