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    Beldavia à La Fonderie : l’expo immersive où vous perdrez tout repère

    Une exposition pas comme les autres prend place à la Fonderie, du 16 octobre 2025 au 28 juin 2026. Bienvenue à Beldavia, votre nouvelle terre d’accueil, pays créé de toutes pièces où chaque visiteur devra tenter de trouver refuge et obtenir un statut décent. Élaborée à partir de vraies histoires à Molenbeek, cette expo-action immersive fait prendre conscience de la complexité, et parfois de l’absurdité, des parcours de migrant·e·s.

    Quoi de mieux que le décor atypique de la Fonderie, symbole du passé industriel de la capitale et des luttes sociales, pour découvrir l’exposition engagée Beldavia, votre nouvelle terre d’accueil. À l’arrivée au poste de contrôle, dans la cour du musée, chaque visiteur·se devient réfugié·e politique, migrant·e économique ou personne en situation de regroupement familial, et découvre alors sa nouvelle identité ainsi que l’histoire qui l’a conduit·e à migrer en Beldavia.

    Mais la Beldavia, c’est quoi ?

    Ce pays imaginaire est le fruit d’une création collective portée par l’ASBL Quizas, en collaboration avec l’ASBL Lire et Écrire Bruxelles et des apprenant·e·s en alphabétisation de l’ASBL La Rue à Molenbeek. Durant une année, des histoires vraies et des idées se sont entremêlées pour imaginer la culture de ce pays, ses règles pour accueillir les migrants et même ses codes sociaux et vestimentaires. Tout a été pensé pour faire perdre ses repères.

    Et c’est réussi. En arrivant dans l’exposition, la désorientation est immédiate et frappante. Dans ce nouveau pays, rien n’est acquis et rien ne semble familier. La Beldavia a sa propre langue, son propre alphabet et ses coutumes bien à elle. Il faut réussir à comprendre rapidement toutes les informations visuelles, sonores et textuelles qui s’additionnent pour s’en sortir. Une carte électronique est remise à l’entrée pour accéder progressivement, et non sans mal, aux différentes étapes du périple, de l’aéroport au contrôle de douane en passant par les visites médicales et les demandes de logement.

    Des parcours documentés qui frôlent l’absurdité

    L’exposition invite à persévérer et surtout à se perdre dans des rouages administratifs souvent absurdes, directement inspirés de la réalité. Les casse-têtes pour se loger ou pour obtenir un statut de réfugié sont illustrés par des allers-retours incessants entre différents pôles de l’exposition. Il n’est pas rare de devoir retourner plus d’une dizaine de fois au même endroit, sans jamais recevoir la même réponse, et se sentir démuni.

    Pour encore compliquer les choses, un même lieu ou document portera tour à tour deux noms différents, comme le guichet Coquillage désigné plus tard comme le guichet Coquille Saint-Jacques et montre comment la barrière de la langue rend vulnérable. La scénographie particulièrement riche, avec ses dispositifs vidéo et interactifs, joue sur tous ces détails et dévoile peu à peu la violence psychologique de ces parcours.

    Un bouton rouge « Abandon définitif » apparaît d’ailleurs sur chaque écran et rappelle dans le même temps que tant d’hommes, femmes et enfants, luttant pour vivre dignement, n’ont pas ce choix.

    Une expo coup de poing et d’utilité publique

    Même si elle repose sur des vécus, Beldavia, votre nouvelle terre d’accueil choisit d’être ludique et pédagogique pour faire passer les messages. Son côté immersif en fait un outil à part entière pour sensibiliser tout public (dès 12 ans) aux problématiques sociétales comme l’inclusion sociale et le droit au logement. Des témoignages et des explications sur la migration en Belgique sont aussi visibles tout au long de l’exposition et lui donnent encore plus de poids et de sens.

    À quelques mètres de Fedasil, l’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile, l’exposition met en lumière des histoires que le discours politique tend souvent à effacer. Dans l’atmosphère actuelle, marquée par le repli sur soi et la peur de l’autre, cette immersion est plus que bienvenue pour poser un autre regard sur ces sujets polarisés et nous inviter à redoubler d’empathie et de solidarité.

    Mélanie Lecoeuvre
    Mélanie Lecoeuvre
    Responsable arts

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