Becoming Astrid, des débuts difficiles pour Fifi Brindacier

Becoming Astrid
de Pernille Fischer Christensen
Biographie
Avec Trine Dyrholm, Maria Bonnevie, Henrik Rafaelsen
Sorti le 19 décembre 2018

Pernille Fischer Christensen retrace l’adolescence d’Astrid Lindgren, écrivain suédoise qui s’est fait connaître pour ses histoires pour enfants et notamment avec les aventures de Fifi Brindacier. Sa vie retrace son adolescence dans la campagne suédoise en 1920. Elle y vit avec ses parents, son frère et ses sœurs. La jeune fille est l’impertinente de la famille, celle dont l’imagination débordante n’est pas souvent du goût de sa mère, stricte et très croyante. Elle obtient un poste de stagiaire dans le journal local mais tombe dans les bras du rédacteur en chef qui la met enceinte. Cet évènement bouleverse ainsi son parcours car elle se voit obligée d’aller accoucher seule au Danemark et de laisser son bébé à une mère adoptive, le temps de trouver une solution.

Un petit bout d’histoire scandinave

Le film commence dans une ambiance nostalgique. Une vieille dame assise à son secrétaire ouvre et lit des centaines de lettres de vœux d’anniversaire de ses jeunes lecteurs. Ce sont d’ailleurs les enfants qui parlent en voix off, lui demandant comment elle fait pour inventer de tels personnages, la remerciant pour toutes ses histoires et la félicitant d’arriver à se mettre dans la peau d’un enfant alors qu’elle est à présent une personne âgée. Une grande douceur flotte dans cette première scène, puis on part plus d’un demi-siècle en arrière, dans la campagne suédoise enneigée des années 1920. Astrid, son frère et ses sœurs aident leurs parents aux champs, se déplacent en calèche et se rendent à l’église chaque dimanche. C’est une version scandinave de la petite maison dans la prairie en somme.

Un destin bouleversé

La jeune Astrid a 16 ans, elle est intelligente, spontanée, avide d’expériences. Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est écrire et raconter des histoires farfelues. Mais son indocilité et ses aspirations d’émancipation la heurtent sans cesse aux conventions de son époque. Lorsque son père, qui voit le potentiel intellectuel de sa fille aînée, lui trouve un poste de stagiaire à la rédaction du journal local, celle-ci est folle de joie et voit dans cette expérience une opportunité d’autonomie. Mais la malheureuse tombe dans le piège de la romance, s’éprend de son employeur et se retrouve enceinte à moins de 18 ans. Cet homme, en âge d’être son père, est en instance de divorce et ne peut s’occuper d’elle et du bébé. Pour éviter le scandale, ses parents l’envoient au Danemark où elle accouche seule et laisse son bébé à une mère adoptive. Elle devra vivre loin de son fils pendant quatre ans, ce qui sera un réel supplice et la forcera à devenir une mère responsable alors qu’elle n’y était pas du tout préparée.

Hormis des flash forwards centrés sur une Astrid quadragénaire lisant le courrier de ses lecteurs dans son salon, son succès en tant que romancière n’est jamais abordé. Seules quatre années de sa vie sont relatées. Nous ne sommes pas dans le biopic classique retraçant le destin d’un artiste de A à Z, ce qui peut être frustrant d’un côté mais rafraîchissant de l’autre.

Cette histoire touchante montre avant tout comment cette jeune fille, à peine sortie de l’enfance, a dû se battre contre les mœurs et la mentalité d’une époque austère pour obtenir ce qu’elle voulait.

A propos Déborah Neusy 27 Articles
Journaliste du Suricate Magazine