[Avignon OFF 2022] Allôsaurus [même rue, même cabine] au Théâtre 11

De Jean-Christophe Dollé, mise en scène de Clotilde Morgiève et Jean-Christophe Dollé, avec Yann de Monterno, Clotilde Morgiève, Noé Dollé et Jean-Christophe Dollé. Au Théâtre 11 à 21h15 du 10 au 29 juillet (relâches les 12, 19 et 26 juillet).

Coup de cœur d’Avignon 2022 !

Trois personnes qui ne se connaissent pas vont pourtant voir leur vie se croiser et s’entrecroiser autour d’une cabine téléphonique. Toujours la même, la même rue.

La pièce commence et déjà on se demande qui est comédien et qui est spectateur. Nous avons l’impression que cette cabine téléphonique nous appelle. Mais qui appeler ? Les personnages vont lancer le mouvement et composer le premier appel, celui qui lancera toutes leurs aventures. À l’autre bout du fil, des proches, des inconnus et peut-être même les deux. Et chaque interlocuteur prend forme avec une aisance déconcertante. Les parties de dialogues et les comédiens donnent vie à ces voix qui proviennent du cornet. Nous ne les entendons pas et pourtant, ils sont là, on les voit pertinemment.

Le récit de ces trois personnages nous bouleverse directement. Pas le temps de s’installer, nous sommes déjà au plus profond de ces vies bousculées. Jean-Christophe Dollé présente un papa angoissé qui nous emporte avec lui dans cette quête paternelle, dans cette recherche glaçante et tellement belle. Clotilde Morgiève joue une Lou terrifiée. Elle part à la collecte du réconfort par des appels, des rencontres, des confessions. Yann de Monterno arrive avec un personnage troublant. On s’imagine toutes les possibilités quant à la vie de cet individu. Et plus son récit se démêle, plus il décortique les tensions familiales et les conversations cathartiques.

Le tout est englobé par une musique et des effets sonores brillants. Ces sons éblouissent la pièce par tous les instruments et la voix de Noé Dollé. Le Jack de sa guitare comme bruit de fond comme un battement de cœur en métronome, une pure merveille.

La justesse de chaque comédien, leurs discours si justes, si beaux, l’ambiance musicale envoûtante, la mise en scène si réfléchie et le texte tellement profond, tellement vrai. On sort de cette rue, de cette cabine téléphonique, les larmes aux yeux, comme on quitterait un brouillard où notre esprit est encore perturbé.

A propos Christophe Mitrugno 62 Articles
Journaliste du Suricate Magazine