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    Armand (La Convocation), le conflit pour vocation

    Chaque année la Caméra d’Or est décernée au festival de Cannes, dans le but d’encourager un premier film. En 2024, c’est le Norvégien Halfdan Ullman Tøndel qui a raflé la récompense pour son huis clos en milieu scolaire qui parvient à s’imprégner des grands dilemmes de l’éducation. 

    Qui dit vacances d’été, dit aussi fin d’année scolaire pour ceux qui travaillent dans l’enseignement. Les parents sont conviés, quand ils ne sont pas convoqués, pour assumer ou se voir félicités du comportement de leur môme. Il faut dire que quand un enfant faute, il est communément admis que la responsabilité vient d’en haut. De celui ou celle qui ne gère pas son éducation avec assez de fermeté. Ou au contraire, trop de laxisme. Là où il y à un problème, on trouve toujours une explication. Et justement, dans cette école norvégienne au style imposant, presque carcéral, il y a un problème. Un problème qui vient souiller cette fin d’année.

    Les talons d’Elizabeth (Renate Reinsve) claquent sur le carrelage des couloirs uniformément gris. Avec ses bijoux et son imperméable rouge, son style dénote. Détone. La mère d’Armand est convoquée pour répondre de l’attitude jugée inappropriée de son fils de six ans. Mais au fur et à mesure de la discussion, ce qui est condamnable devient moins la « curiosité » sexuelle du bambin que le mode de vie excentrique d’Elizabeth. Starlette locale et mère célibataire, elle inspire le respect. Le désir. Et bien sûr la jalousie. À la barre, un couple bien sous tout rapport. Une femme à l’attitude sévère qui claironne qu’Armand a pris son fils comme victime. Et en face des deux parties que tout oppose, les juges prennent l’apparence non pas moins caricaturale d’un directeur confiant, d’une jeune recrue qui peine à s’imposer et d’une infirmière raisonnable qui souffre d’epistaxis.

    À 35 ans seulement, Halfdan Ullmann Tøndel voit son premier long-métrage récompensé de la Caméra d’Or au festival de Cannes et nominé dans la section Un certain regard. Il faut dire que le jeune Norvégien a été à bonne école, puisqu’il est le petit fils de Liv Ullman et Ingmar Bergman. Impossible de ne pas reconnaître dans Armand, la marque d’un certain cinéma scandinave. Le synopsis n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de La Chasse de Thomas Vinterberg. Et puis, Armand est sobre, quand il n’est n’est pas sombre. Il se construit comme un huis clos intimiste dont la bande son n’est pas musicale mais hypnotique. Ce sont les bruits du quotidien scolaire qui créent une mélodie dont le but est de faire monter la tension. Au départ drame réaliste, psychologique – qui pose avec beaucoup de finesse les questions de la responsabilité et de la culpabilité des parents d’abord, mais aussi des enfants – le film prend ensuite une tournure plus symbolique, presque performative. Armand est une proposition efficace, tant d’un point de vue esthétique que technique, qui ne cache pas ses influences cinématographiques, sans pour autant faire preuve d’académisme. Et c’est le cas de le dire.

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    Armand, la convocationRéalisateur : Halfdan Ullmann TøndelGenre : Drame, ThrillerActeurs et actrices : Renate Reinsve, Ellen Dorrit Petersen, Endre HellestveitNationalité : Allemagne, Pays-Bas, Norvège, SuèdeDate de sortie : 14 mai 2025 Chaque année la Caméra d'Or est décernée au festival de Cannes, dans le but...Armand (La Convocation), le conflit pour vocation