Arco
Réalisateur : Ugo Bienvenu
Genre : Animation, Aventure, Science-Fiction
Acteurs et actrices (voxographie) : Swann Arlaud, Alma Jodorowsky, Margot Ringard Oldra
Nationalité : France
Date de sortie : 29 octobre 2025
Arco est une aventure touchante au sein d’une science-fiction bigarrée, à la réflexion pertinente et optimiste. Film d’animation du français Ugo Bienvenu, primé au festival d’Annecy cette année, il invite à s’intéresser au présent pour mieux s’emparer de l’avenir.
Vivant dans un lointain futur utopique où l’on traverse le temps à l’aide d’une combinaison arc-en-ciel, Arco rêve de réaliser son premier voyage dans le passé, interdit avant l’âge de douze ans. Ne pouvant attendre, il décide de s’envoler coûte que coûte et à l’insu de sa famille, pour atterrir par accident en 2075. A cette période vit Iris, une jeune fille souffrant de l’absence de ses parents n’apparaissant qu’en hologrammes, élevée par un robot, et qui va tout faire pour lui permettre de rentrer chez lui. Ensemble ils doivent composer avec des aléas climatiques violents tout en étant suivis à la trace par un bien mystérieux trio.
Dans ce récit d’anticipation, l’influence d’Hayao Miyazaki est palpable, ne serait-ce que par la bande originale (composée par Arnaud Toulon) pouvant rappeler celles du Château dans le ciel ou de Princesse Mononoké. Ou encore par la place centrale que tiennent les questions écologiques dans le scénario : de la temporalité d’Arco à celle d’Iris, d’un bout à l’autre de l’arc-en-ciel (arco iris en espagnol), les possibles s’opposent, le pire comme le meilleur, depuis l’isolement technologique face aux éléments déchaînés jusqu’aux éco-habitations autonomes. Animation 2D faisant la part belle au dessin, la technique elle-même reste traditionnelle, comme un futur aux accents rétros.
Il faut dire que cet univers composé de robots tantôt nourrices tantôt instituteurs et porté par une technologie plus développée n’est que le trait grossi de notre époque actuelle. La population s’adapte à un sévère dérèglement climatique dont les prémices nous touchent déjà, en protégeant ses lieux de vie par des dômes transparents. Le film ayant été entamé en 2020, on peut aussi voir l’empreinte de ces années particulières dans les confinements réguliers au sein des maisons-bulles, la communication à distance entre Iris et ses parents ou encore dans l’achat par certains, en prévision, de stocks de vivres en supermarché.
C’est dans cette réalité peu reluisante que vient s’ancrer l’histoire, au scénario simple mais dont la force est de ne pas se focaliser sur le voyage temporel ou sur la description d’un idéal à atteindre. Au contraire, l’importance est donnée aux questionnements sur notre relation aux autres (les ressentis des personnages sont d’ailleurs traités avec une grande justesse) et surtout sur notre relation au monde. Naturaliste en herbe, Iris porte une attention rare sur le vivant qui l’entoure, qu’elle représente par le dessin. Sa rencontre avec son jeune contemporain lui permet d’envisager un avenir où les oiseaux qu’elle aime tant ne seraient pas voués à s’éteindre, mais dans lequel l’humanité aurait appris leurs langues. Plutôt que d’emprunter un raccourci au travers du temps vers une utopie déjà prête, Ugo Bienvenu dépeint les générations nouvelles comme les plus à même de faire germer sur le long cours les idées novatrices semées par les histoires que l’on se raconte.
Si son regard s’est parfois fait plus mordant par le biais de la bande dessinée, ce premier long-métrage co-écrit avec Félix de Givry, est une proposition de dépassement du cynisme par l’espoir. Le binôme a compris l’enjeu de nourrir de nouveaux imaginaires pour réinsuffler de la magie dans notre monde présent, il célèbre ainsi la curiosité et l’inventivité propres aux enfants. Arco se veut être un arc-en-ciel réconfortant permettant de rêver à des futurs plus lumineux, même en des temps bien obscurcis.