Arcadia, la nouvelle production de la Compagnie Opinion Public

© Charlotte Sampermans

Après Mr Follower en 2015 et Post Anima en 2014, la compagnie Opinion Public revient au Théâtre Marni du 05 au 09 décembre pour dévoiler sa nouvelle production Arcadia. Rencontre avec le chorégraphe Étienne Béchard.

Le Suricate Magazine vous avait rencontré à l’occasion de la sortie de votre spectacle Post Anima, en 2014. Comment la compagnie a évolué depuis ?

La compagnie Opinion Public a été créée il y a 7 ans maintenant. Notre premier spectacle s’appelait lui aussi Opinion public. Nous étions à l’origine cinq danseurs : Johann Clapson, Victor Launay, Sidonie Fossé et moi-même, Etienne Béchard. Et puis, Sidonie Fossé est tombée enceinte, nous avons alors cherché une nouvelle danseuse pour nous rejoindre dans notre dernière production Arcadia. C’est comme ça qu’Elena Valls a rejoint la troupe. C’est une danseuse très différente, qui nous apporte une vision nouvelle et nous permet d’évoluer. Lorsque Sidonie reviendra, il y aura désormais deux danseuses. Tous ces événements sont de très bonnes nouvelles puisque nous souhaitions agrandir la troupe dès la création de la compagnie.

Avez-vous d’autres projets individuels en dehors de la compagnie Opinion Public ?

Au tout début de la création d’Opinion Public, nous nous consacrions uniquement à cela. La compagnie représentait notre projet commun où nous étions à la fois danseurs et chorégraphes. Et puis, naturellement au fil du temps, chacun a mené des projets en parallèle. Au départ, j’ai été invité à faire des créations dans d’autres compagnies, puis j’ai fait venir la troupe d’Opinion Public avec moi. Victor Launay et moi-même continuons actuellement à être chorégraphe invité pour d’autres créations.

Vous présentez actuellement un nouveau spectacle Arcadia, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Arcadia est une création autour de l’univers des jeux vidéo. Nous avons imaginé un spectacle où cohabitent joueurs et avatars. Les danseurs se glissent dans la peau des avatars et obéissent aux commandes des joueurs. Ces derniers seront aux commandes de leurs mouvements depuis des « boîtes », métaphores de nos écrans. Arcadia représente le nom de la plateforme en ligne où chaque joueur peut s’incarner en tout ce qu’il souhaite. Le nom lui, vient de la mythologie et fait écho à un monde fantasmagorique. Il y a aussi, évidemment, un lien avec les jeux d’arcade. Arcadia parle de l’apport du virtuel à l’homme et de tout le chassé-croisé qu’il en découle, entre fiction et réalité. En quelque sorte, Arcadia poursuit Post Anima où il était question du rapport entre l’homme et la machine.

Arcadia conserve donc les mêmes lignes directrices que vos précédents spectacles ?

Dans un sens oui, je pense que nous avons deux facettes dans nos productions. Un côté assez abstrait, où la création est  focalisée sur la lumière et la chorégraphie pure. Et puis d’un autre côté, des spectacles plus théâtralisés comme Mr Follower ou Bob’Art. Dans le cas d’Arcadia, on retombe du côté de Post Anima, car le thème est assez proche.

Il y a de façon récurrente, dans vos créations, le lien entre fiction et réalité. De quoi vous inspirez-vous ?

Des sujets qui nous entourent. Je crois que les thèmes que nous « chorégraphons » sont avant tout des sujets qui nous touchent. J’appartiens moi-même à la génération des jeux vidéo, même si je n’y joue pas régulièrement. Je vois dans quels états ils peuvent nous mettre. Je connais également de –vrais– joueurs et j’ai déjà pu constater les limites et les  dangers de cet univers. Il y a toute cette dimension d’échappatoire où nous pouvons, grâce aux jeux vidéo, sortir du réel pour être tout ce que nous ne pouvons pas être dans la vraie vie.

© Charlotte Sampermans

Il y a un écho assez prégnant dans vos spectacles à la série britannique Black Mirror créée par Charlie Brooker. Qu’en pensez-vous ?

Oui, nous nous sommes beaucoup inspirés de cette série. Déjà avant de la connaître, nous produisions des spectacles où les thèmes étaient assez similaires et puis, quand nous avons découvert Black Mirror, nous avons tout de suite pensé que la série reflétait exactement ce que nous aimions dire. La science-fiction nous inspire beaucoup. On retrouve d’ailleurs dans Arcadia un univers musical très proche des bandes originales des séries ou des films de science-fiction.

Est-ce vous qui concevez l’intégralité du spectacle : la création musicale, les décors, les costumes ?

C’est l’équipe ensemble. Nous en discutons, chacun apporte ses idées. Nous suivons une trame qui permet de déterminer progressivement les éléments qui vont composer le spectacle. Pour Arcadia, nous avons d’abord eu l’idée du jeu vidéo, puis l’idée du joueur enfermé. Une fois le concept trouvé, nous pouvons réfléchir à la création musicale et à la chorégraphie. S’en suivent les décors, les costumes…

Combien de temps vous a-t-il fallu pour créer ce spectacle ?

Entre deux et trois mois pour le temps de travail. Nous répétons tous les jours.

La danse, comme les autres formes d’art, dit quelque chose du monde. Quoi et à qui ?

Je crois que la danse parle à qui en est sensible. Elle peut dire tout autant que le reste. Maintenant, la danse ne dit rien avec les mots, donc on ne  peut pas trouver quelque chose de trop concret à travers elle, mais elle peut à l’inverse susciter de nombreuses émotions.

Quels sont vos projets pour la suite ?

Nous commencerons avec la compagnie Opinion Public une tournée du spectacle Post Anima en Pologne et en Finlande au mois de juin. À titre personnel, je serai du 15 au 24 mars à Montréal pour Le Sacre du Printemps aux Grands Ballets.

Arcadia de la Cie Opinion Public du 5 au 9 décembre au théâtre Marni, à 20h.