Cette édition du BIFFF aura tenu toutes ses promesses au niveau de la qualité des films mais aussi et surtout pour son ambiance unique. Car les films au BIFFF, c’est important mais c’est secondaire. Le plus important, ça reste les amis qu’on y voit et avec qui on passe des moments uniques. Entre moments inoubliables avec des gens extraordinaires, moments oubliables avec des gens ordinaires ou moments oubliés avec des gens inoubliables, le BIFFF c’est le meilleur festival du monde mais c’est aussi beaucoup plus que ça. D’un podcast animé par la plus grosse langue du monde aux envolées lyriques de Stéphane en passant par les bières que nous doit toujours Jonathan, le BIFFF c’est avant tout du partage. Et si c’était ça le vrai Carême ?
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Remake de Tucker and Dale vs Evil, ce Handsome Guys se hisse très clairement à la hauteur du film originel. Tout y est. Les deux lourdauds gentils, les jeunes idiots aux relents sociopathes. Mais en plus, le remake a le bon goût d’ajouter des éléments de fantastique pour rendre le film encore meilleur. Ce Handsome Guys ne se contente pas de marcher dans les pas de son glorieux aîné, il y ajoute une pointe d’horreur et de gore à la mode Evil Dead et ça marche prodigieusement. On se marre du début à la fin et surtout on ne se prend jamais à faire la comparaison entre le remake et l’original. Et quel meilleur endroit que le BIFFF pour le voir. Juste parfait.
S’il y a de nombreuses choses que je regrette en deux semaines de BIFFF (à commencer par mes choix capillaires), After Us the Flood n’en fait clairement pas partie. Véritable allégorie du combat climatique sans y impliquer un complexe du sauveur nuisible à sa cause, le film d’Arto Halonen réussit à nous happer dès les premières minutes pour ne plus jamais relâcher son étreinte. Une étreinte douce, bienveillante et surtout simple. Finalement, faire un bon film, c’est simple. Il suffit d’avoir une Go-pro et d’aller à Mons…Oups, mauvaise chronique je recommence. Finalement, faire un bon film, c’est simple. Il suffit d’avoir une bonne histoire et de bien savoir la raconter. Et c’est ce que fait After us the Flood. Il n’essaie pas de faire ce qu’il ne sait pas faire. Il se contente de ce qu’il est sans chercher à surjouer ce qu’il n’est pas. Et ça, on aime et on en redemande.
Dead Talent Society portait en lui la promesse d’un film explosif et jouissif. Et il a parfaitement rempli son contrat du début à la fin ! Sorte de Star Academy pour fantômes, l’univers du film est totalement déjanté mais réussit à nous happer dans son rythme endiablé avec la facilité d’un journaliste du Suricate dans l’alcoolisme. Un film qui aurait certainement mérité plus de considération et peut-être le prix du public. Mais ce n’est que notre avis et les avis c’est comme les trous de balles, tout le monde en a un et si on veut y entrer en profondeur, faut être prêt !
4. Hidden Face
Moi qui pensais que j’allais enfin pouvoir me faire doucement chier pendant deux heures et écrire une chronique sur une réalisation toute pété en concluant par « C’était aussi oubliable que mes performances au lit. ». Au lieu de ça, j’ai sur le dos une histoire de pièce secrète dans laquelle Soo-yeon, Paris Hilton coréenne qui joue du violoncelle, s’enferme avec la complicité de son amante Mu-ji pour espionner son futur mari Sung-jin. Sauf que bien sûr, Mu-ji n’a pas prévu de la relâcher et va petit à petit prendre sa place dans le lit de son futur mari. Quelle déception. Ce Hidden Face joue avec les codes du thriller avec brio pour nous proposer une réalisation qui rentre dans cette case tout en la dépassant. Ça joue juste, le rythme est à couper le souffle au poil de cul, la réalisation de Dae-woo Kim tient la route sans jamais partir dans le bas-côté. Moins de bons films, plus de merdes !
S’il y a bien quelque chose qui me fascine avec la Chine, c’est cette propension à afficher des versions kitsch de films étrangers qu’ils modifient à leur sauce. Prenez Twilight of the Warriors par exemple. On prend un peu de Gangs of New York, une séquence qui rend clairement hommage à Scarface et pas mal de Escape from New York de John Carpenter et on obtient un résultat détonnant. Heureusement, le film de Soi Cheang ne se résume pas qu’à ses références. Avec des scènes d’action impressionnantes et une production léchée, il arrive à faire oublier son côté kitsch et à transformer l’essai. Alors OK, certaines scènes sont tellement exagérées et l’intrigue est parfois un sac de casse-tête. Ouais, y a un gadji tu sais pas pourquoi mais il a des super pouvoirs. On t’explique pas, c’est comme ça. Bien sûr, t’en as un qui se balade en motocross dans des escaliers d’immeuble. Et alors ? T’as jamais eu la flemme de te déplacer à pied ? Peut-être que c’était un cadeau de sa mère et qu’il avait envie de l’essayer. Au final, le plus important c’est que ce Twilight of the Warrior est plutôt efficace et malgré certains moments légèrement what the fuck, ça se goupille pas trop mal et on en vient à l’apprécier. C’est du grand spectacle et qu’on se le dise, on n’était pas venu là pour voir Rosetta.
Flop :

1. Drop
Il paraît que quand tu regardes le vide, le vide parfois te répond. Et pourtant à voir le scénario de Drop, j’attends toujours une réponse ! Drop, c’est la quintessence du date Tinder foireux. Tout avait pourtant bien commencé. Vous vous parliez sur l’application en échangeant quelques « Et toi c’est quoi ton plus beau voyage ? », « Comment ça t’as jamais testé Tokidoki chaussé d’Alsemberg ? » ou « Moi deux doigts ça va mais plus, ça va dépendre de la finesse de ton auriculaire. » Des conversations normales en somme. Et puis tu arrives au date et là déjà tu vois que ses dernières photos Tinder dataient visiblement d’une décennie et qu’il lui manque deux dents. Casse l’Anne tiède, t’es en chien donc tu ne te laisses pas déstabiliser. Ça c’est mon champion ! Mais dans les cinq premières minutes, elle arrive à te caser qu’elle est Parisienne, que son plat préféré c’est du steak au quinoa « qui goûte comme le vrai » (non Capucine, ça ne goûte pas comme le vrai !!) et qu’elle supporte l’Union Saint-Gilloise. Excédé, tu prends sur toi, pour le groupe. Mais à un moment, trop c’est trop. Elle a dépassé les bornes : elle est de droite. Ça, c’est la goutte de trop qui fait monter la moutarde au nez. Eh bien Drop, c’est pareil.
Les gentils sont gentils, les méchants sont méchants. Faire du trafic d’armes, c’est méchant. Attraper les méchants qui font du trafic d’armes, c’est gentil. Voilà, c’est à peu près tout ce qu’il y a à dire sur Customs Frontline qui est au cinéma ce que la tiédeur est à une relation : on se fait chier. Je pourrais rentrer dans des propos plus polémiques comme « La Chine protège l’ordre mondial, et en particulier le continent africain, des déstabilisations venues d’occidents grâce à sa douane de super-héros qui empêche les méchants occidentaux de vendre des armes méchantes ». Mais la politique c’est pas trop mon truc donc je vais rester loin de tout ça.
3. Atoman
Un film qui tombe à l’eau. Et l’eau, c’est bleu, donc ça veut dire que l’eau, c’est de droite. Et moi aussi, je suis de droite. J’aurais adoré être de gauche. Avoir cette grandeur morale et appartenir au camp du bien. Comme j’aurais aimé avoir adoré Atoman. J’aurais voulu y parvenir. En plus, il y a Mourade Zeguendi et Samy Naceri. Dikkenek et Taxi, si ça c’est pas toute mon enfance. Mais à l’image de l’eau, le jeu de la plupart des acteurs d’Atoman est incolore, inodore et insipide. Oui, cette chronique est méchante. Elle est de droite. Alors oui, on était heureux de voir un film de super héros marocain et on espère en voir beaucoup d’autres. Mais on espère aussi qu’ils auront plus de moyens qu’Atoman quand-même. Même si la séquence de Genkidama à la fin vaut à elle seule le coup d’œil.
Un Mickey tueur sur un bateau pour débuter la Night. On ne va pas vous mentir, en lisant ça on a eu une demi-molle au Suricate. Sauf que Screamboat, c’est tout sauf une promesse réussie. Là où on s’attendait à un bon slasher bien gore pour débuter une nuit qui s’annonçait longue mais bien rempli (oui je sais Matthieu, comme ta bite), c’est lent et prévisible à mourir. Au point qu’on doit parfois lutter pour rester éveillé alors que ce n’était que le premier film de la Night.
La légende (et Loïc Smars surtout) dit que j’aurais légèrement somnolé pendant Frankie Freako. C’est un mensonge éhonté, n’écoutez pas les racontars ! Frankie Freako, c’est l’histoire de notre ami chiant, on en a tous un, et ici il s’appelle Conor. Mais heureusement, Conor va appeler quelqu’un pour soigner sa cassecouillite aïgue : Frankie Freako, la version sex, drugs & Rock n’roll des minikeums. Et on a tous aussi un Frankie dans sa vie. Chez nous, il s’appelle Matthieu Matthys. Quand il arrive, tu sais que la soirée va probablement partir en couille et qu’on va se retrouver à 5h du matin en after dans le centre à dégommer des canettes ou en plein milieu d’un gangbang vietnamien. Big up quand-même au sosie officiel du légendaire Patje Boum Boum qui nous dégaine un combiné calvitie-queue de cheval du plus bel effet. C’est mon champion !
BIEN :
– La qualité générale des films
– L’organisation toujours au top
– Les stagiaires et bénévoles qui ont fait un travail fantastique
– Des invités passionnants et qui viennent présentés des films d’excellente facture
– Une ambiance inégalable et inégalée
– Les films asiatiques présents cette année
– Le focus sur les films canadiens qui apportent une belle plus-value
– La Care Team
– Le film annuel de Nicolas Cage au BIFFF
– L’espace foodtruck toujours très convivial et avec de bonnes choses à bouffer
– Le retour de Loïc et Matthieu pour faire le BIFFF avec nous
– Le film interactif, à refaire absolument !
PAS BIEN :
– Les films de la Night
– Jonathan qui ne nous a pas payé de bière
– Le BIFFFOPHONE, une émission de merde présentée par la plus grosse langue du monde (paraît-il)
– Les Silent Screening
– After us, the flood qui repart sans aucun prix
– L’absence de film bien gore et malsain en séance de 00h
Les cotes :
9/10 : Handsome guys
8/10 : After us, the flood
7/10 : Dead Talent Society, Hidden Face, Twilight of the Warriors, Hello Stranger, Hallow Road, Sew Torn, Parvulos, Get Away
6/10 : Death of a Unicorn, A Girl with Closed Eyes, Zenithal, Zero, Locked, Welcome to Kittytown, Honey Bunch, Daniela Forever, The Old Woman with the Knife, The Son, Scared Shitless, Vampire Zombies… from Space, Wet Monday
5/10 : I, the Executioner, It Feeds, California King, Tabula Rasa, The Surfer, Stream, Control Room
4/10 : Tummy Monster, Dead by Dawn
3/10 : The Creeps, Screamboat, Frankie Freako, Atoman
2/10 : Drop, Customs Frontline