9ème édition du « Saveurs jazz festival » 

Nous voilà de retour au pays de l’Anjou bleu (voir les articles des précédentes éditions) dans la petite ville de Segré. Le Saveurs Jazz Festival a pris une place importante dans les festivals jazz de l’hexagone. Et cette 9ème édition ne déroge pas à la règle, avec une programmation ambitieuse étalée sur cinq jours, soit plus de 20 concerts répartis sur 2 scènes. Nous avons couvert ce festival 3 jours, voici un petit aperçu de nos découvertes et parfois « coups de cœur ».

Binker et Moses, la nouvelle vague british de la scène jazz. Un duo détonnant batterie et sax. Une complicité évidente s’en dégage pour une musique intense et riche qui parfois flirte avec le free jazz mais sans excès. Il n’y a aucun temps mort dans le set proposé qui allie à la fois ce côté « brut » et doux de manière cohérente.

Dans un tout autre registre, le Roberta Romano Trio ! Là nous côtoyons le tango grâce à un charmant trio féminin. La réunion de l’Argentine, l’Italie et la Turquie pour un voyage tout en douceur et subtilité. Le temps reste suspendu lors de cette très belle prestation.

Sarah Mc Coy… que dire ? Une voix forte, puissante, un groove, un swing d’enfer. Seule avec son piano, elle nous transporte dans le sud des Etats-Unis dans un improbable bar perdu au milieu de nulle part. Elle nous distille du blues, du vrai qui colle à la peau. Le chapiteau est sans doute un peu trop grand pour ressentir l’intensité à sa juste valeur. La revoir dans un milieu plus intimiste serait un must.

Dans la foulée de Sarah Mc Coy, on retrouve la pop soul de Selah Sue. Elle nous revient après un break d’un an pour cause de maternité dans une version trio « acoustique ». Pour nous, il s’agit d’une prestation en demi-teinte ; ce côté « acoustique » qu’elle revendique n’est pas vraiment de mise avec ce son à la limite du supportable qui noie toute subtilité dans une bouillie de basses. Les hits défilent mais l’ensemble nous paraît bien léger… La belle Flamande nous doit une revanche.

La venue de Morcheeba était très attendue et nous n’avons pas été déçus. Ce groupe est l’un des pionniers de la scène trip hop anglaise. Mocheeba c’est bien sûr Roos Godfrey à la guitare (et en grande forme), mais aussi et surtout sa chanteuse charismatique et magnétique, la ténébreuse Skye Edwards. Elle attire tous les regards par sa gestuelle et sa superbe voix. Le groupe nous délivre une prestation sans faille avec une pluie de hits et de titres du dernier album. Nous avons même eu droit à une très belle reprise de Bowie « Let’s dance » ! Le tout était enrobé d’un sublime light show du plus bel effet. Un petit cocorico en passant pour l’homme derrière les manettes, David Rivir, le Dinantais bien connu dans la profession, pour son savoir-faire.

La journée du dimanche commence avec une affiche aux couleurs latines… Roberto Fonseca, le pianiste cubain. Son latin jazz et la chaleur ambiante sous le chapiteau nous transportent directement sur l’île de Cuba. Souriant et spontané, il nous a offert un moment de pur plaisir avec un set aéré et virevoltant.

La soirée continue sur le même tempo de feu avec Electro Deluxe. Si on devait définir ce groupe totalement atypique sur la scène jazz,  nous parlerions de groove reconnaissable entre mille qui décoiffe et nous fait entrer en transe !! Electro Deluxe, c’est un cocktail explosif de jazz classique, de soul et de funk, avec une session de cuivres omniprésente qui vous titille sans relâche. Nous nous devons aussi bien sûr de parler du leader, le chanteur américain James Copley, un crooner à l’ancienne au charisme et à la voix irrésistible. La fièvre musicale s’est emparée du chapiteau.

Nous avons encore à nouveau assisté à une belle édition de ce festival que nous pourrions qualifier de globalement « positif ». Une programmation très variée qui attire un public de tout horizon. La perfection n’est bien sûr pas de ce monde (et heureusement) ; les organisateurs devront veiller à améliorer certains points et nous prendrons comme exemple cette seconde scène livrée à son triste sort. Les artistes qui s’y produisent mériteraient un meilleur cadre avec notamment quelques lumières pour rehausser l’ensemble.

Le chemin est tout tracé pour fêter un anniversaire lors de la prochaine édition… Les 10 ans du festival.