« 9 jours à Raqqa », reconstruire sur un tas de cendre

9 jours à Raqqa
de Xavier de Lauzanne
Documentaire
Avec Marine de Tilly et Leila Mustapha
Sortie le 8 septembre 2021

Pour le premier volet de la trilogie « La Vie Après Daech », Xavier de Lauzanne suit pendant 9 jours la journaliste Marine de Tilly, partie à la rencontre de Leila Mustapha, nouvelle maire de Raqqa, ville anciennement désignée comme capitale de l’Etat Islamique en Syrie.

2014 : Raqqa se retrouve envahie par les troupes de l’Etat Islamique qui en font leur fief. Plongée dans l’horreur pendant 4 ans, la ville est libérée par les Forces Démocratiques Syriennes après une année de combats sanglants. En 2018, le bilan est apocalyptique. Sans eau courante ni électricité, ses écoles et hôpitaux bombardés et ses rues infestées de mines, Raqqa est dévastée. Plusieurs milliers de civils y auraient perdu la vie et 80% de la ville est détruite. Un triste record dans l’histoire contemporaine.

Mais derrière les nuages de poussières, une lueur d’espoir apparaît en la personne de Leila Mustapha. Diplômée en ingénierie civile et nommée co-maire à l’âge de 30 ans, elle se voit confier la lourde mission de rebâtir la ville au lendemain de sa reconquête, d’y instaurer une démocratie unie autour de toutes les communautés et de remettre la place de la femme au centre d’une société dirigée majoritairement par les hommes.

C’est après avoir entendu parler d’un projet de livre signé Marine de Tilly que Xavier de Lauzanne décide d’accompagner cette dernière à Raqqa pour rencontrer Leila Mustapha. A travers le regard discret de la journaliste, le documentaire nous plonge dans le quotidien de la jeune maire pendant 9 jours, de ses visites sur les chantiers à ses interventions au Conseil Civil de Raqqa.

Bien qu’il retrace en parallèle les terribles évènements traversés par la ville depuis la crise qui a ravagé le pays depuis 2011, Xavier de Lauzanne ne s’attarde jamais gratuitement sur les souffrances subies pendant ces sept longues années. Conscient de la disparition progressive de l’attention médiatique qu’elles avaient provoquées, son objectif est tout autre : plutôt que de proposer une rétrospective voyeuriste et vaine, son film nous offre le témoignage d’une ville et d’un peuple qui commence à renaître de ses cendres autour de la figure de Leila Mustapha.

D’une détermination absolue bien qu’elle soit confrontée à la menace constante des cellules dormantes de l’Etat Islamique, ce qu’elle représente fascine. Car derrière l’immensité incalculable de sa mission, se dessine le visage d’une femme au destin hors-norme, prête à s’oublier pleinement pour que son peuple se relève.

On pourra bien sûr regretter que le film ne propose pas de regard contradictoire face au témoignage de la jeune maire, mais ce serait passer à côté de la volonté de Xavier de Lauzanne de rendre hommage à l’optimisme de Leila Mustapha et à la résilience des habitants de Raqqa.